Le Caire : la cité islamique (sud)

 

Les ânes tirent des charrettes d'oignons ou de briques, les ateliers débordent sur les trottoirs, les enfants jouent avec les moutons... Le temps semble s'être arrêté dans les venelles inextricables de Darb al-Ahmar, quartier populaire et archaïque agrippé à l'ancienne enceinte de l'imposante citadelle ayyoubide. Vers l'ouest, la sharia al-Saliba aligne en enfilade de splendides édifices médiévaux : mosquées, médersas, khanqa... Il faut braver son trafic frénétique pour goûter la sérénité de la mosquée Ibn Touloun... puis la viande grillée des gargotes de Sayyeda Zeinab, quartier calme en journée mais grouillant de vie au crépuscule.

La rue Muizz el-Din Allah (partie sud)

Qasr el-Ghouri (à l'angle de la rue Al Muzzi li-Din Allah et de la rue el-Azhar (face à la mosquée el-Ghouri).
Qansouh al-Ghouri fut le dernier grand sultan mamelouk (1501 - 1516).

 

Spectacle des derviches tourneurs à la madrassa El-Ghouri.

 

Un sabil : autrefois fontaine publique au rez-de-chaussée et école (madrasa) à l'étage.

 

On arrive à la porte Bab Zuwayla, remarquable construction de pierres de taille (1091) avec des colonnes demi-cylindriques. Les deux minarets de ma mosquée El-Mouayed dépasseent au-dessus des tours, avec une hauteur de 5à mètres. Pendant longtemps, des potences furent placées sur la terrasse de la porte; c'est sur les créneaux que les t^tes des Croisés tués à Mansourah furent exposées. Sur la tour ouest sont encore encastrés des boulets de pierre de l'époque des querelles des Mamelouks. C'est ici que le 15 avril 1517 fut pendu le dernier sultan circassien d'Egypte, Touman Bey.

 

Bab Zuwayla,
la porte d'entrée sud du second mur construit en 1091 par Badr al-Jamali.

 

Devant Bab Zuwayla, en face le wikala de Radwan Bey (1650), se trouve le dernier marché couvert du Caire, connu sous le nom de Al-Khiyyamiyya ou le "bazar des fabricants de toiles de tente".

 

Le marché couvert Al-Khiyyamiyya .

 

 

Le quartier de Darb Al-Ahmar

 

Depuis Bab Zuwayla, les ruelles sablonneuses de ce quartier né au XIIe s., surpeuplé et délaissé, se parent peu à peu de pavés, et les perles architecturales, d'époque mamelouke, retrouvent enfin leur éclat ! Une promenade ponctuée de pauses enchanteresses au fil des mosquées et des palais.

 

La mosquée Al-Maridarni

 

La mosquée et tombeau de l'émir Maridani, qui fut échanson du sultan Nasser, fut achevée en 1340. Après une restauration faite au XIXe s. (coupole moderne), les points les plus intéressants sont les colonnes d'époque ptolémaïque dans l'iwan ainsi que  les colonnettes antiques placées sous la coupole du mirhab. On admirera le minbar aux revêtements de bois polychromes, la fontaine de la cour qui provient de la mosquée du sultan Hassan, la cloison (maqsura) décorée d'une frise gravée.

 

 

La cour de la mosquée Al-Maridani.

L'intérieur de la mosquée Al-Maridani avec ses colonnes ptolémaïques.

Vue sur le pauvre quartier de Darb Al-Ahmar et la porte Bab Zuwayla.

 

Beit al-Razzaz, l'ancien palais de Qait Bey (XVe s).

 

Un peu plus loin, on peut admirer la mosquée Ak-Sounkor, mosquée d'Ibrahim Agha ou "mosquée bleue" (El-Azraq) car une partie de ses murs est revêtue de carreaux vernissés de couleur bleue-verte, inspirés de la Perse (motifs floraux et entrelacs décorés comme pour un tapis). On retrouve cette décoration autour du tombeau d'Ak-Sounkor, le fondateur de la mosquée (1346) ou d'Ibrahim Agha qui entreprit la restauration du monument en 1651, après un tremblement de terre.

 

 

Le minaret de la mosquée bleue (en cours de rénovation).

 

Juste à côté, le complexe Khayrbek, construit vers 1502-1520 par le premier gouverneur d'Egypte après la conquête ottomane, est également en cours de rénovation grâce à la Fondation Aga Khan.

 

Le complexe Khayrbek.

 

La mosquée Khayrbek.

Le tombeau de Khayrbek.

 

Le sabil-kuttab Oum Abbass

 

A l'angle des rues As-Salbiyya et As-Siyuqiyya, se situe la fontaine publique et école coranique (sabil-Kuttab) que fit ériger en 1867 la "mère de Abbass", la princesse Bamdah Qadin, mère du khédive Ismaïl. Début 2010, sa restauration s'est terminée sous l'égide du CSA.

 

Le sabil-kuttab Oum Abbass.

Le musée Gayer-Anderson

 

Consacré à l'art oriental, ce musée est composé de deux maisons datant de 1540 et 1670, superbes exemples de l'architecture ottomane. Moucharabiehs, fontaines en marbre et terrasses (avec vue sur la mosquée Ibn Touloun) sont exceptionnels.

L'ancien propriétaire de ces bâtiments était un fonctionnaire anglais. John Gayer-Anderson restaura les maisons et les meubla d'une collection impressionnante de mobiliers islamiques recueillie durant ses voyages à travers tout le Moyen-Orient. Le musée illustre aujourd'hui parfaitement la vie de la noblesse ottomane lors de son apogée. Vous pourrez visiter la salle de séjour réservée aux hommes (salamik), le harem et le cabinet secret d'où les femmes regardaient les hommes. L'été, ces femmes dînaient dans le merveilleux jardin.

 

Les deux maisons ottomanes du musée Gayer-Anderson.

 

Musée Gayer-Anderson : la cour intérieure

et le jardin avec sa treille.

 

Vue depuis la terrasse du muséee Gayer-Anderson sur l'entrée de la mosquée Ibn-Touloun.

 

La mosquée Ibn Touloun

 

Ahmed Ibn Touloun, fondateur de la dynastie des Toulounides, fit construire cette mosquée sur le modèle des lieux de prière édifiés à Samarra en Iraq. C'est l'un des plus anciens, des plus originaux et des plus remarquables édifices religieux de la ville. Très vaste (environ 140 m de côté), entourée de trois côtés d'une ziyada (cour pourtournante) qui l'isole de l'environnement urbain, elle est dominée par un minaret de forme hélicoïdale.

 

L'entrée de la mosquée Ibn Touloun.

 

La cour intérieure de la mosquée Ibn Touloun vue du sommet de son minaret. Au centre l'élégante fontaine aux ablutions.

 

Le minaret de la mosquée Ibn Touloun qui s'inspire de la mosquée Malawiya de Samarra (Iraq) et de la ziggourat mésopotamienne.

 

Le quartier de Sayyeda Zeinab

 

La mosquée El-Saïda Zeinab, de style mamelouk, reconstruite au XIXe siècle, abrite le mausolée de la petite fille du Prophète Mahomet, la fille d'Imam Ali, patronne et protectrice de la ville. C'est surtout au moment du ramadan que de nombreux fidèles visitent ce sanctuaire, touchent la grille de bronze qui entoure le sarcophage et appellent par leurs prières la bénédiction de la défunte qui repose à l'intérieur de trois sarcophages. L'accès de cette mosquée est interdite aux non-musulmans.

 

La mosquée El-Saïda Zeinab.

 

Non loin, au fond de l'impasse Monge, se dresse la Maison El-Sennari, élégante et vaste demeure de 1794 qui fut réquisitionnée en 1798 par Bonaparte pour servir de résidence aux savants de la Commission des sciences et des arts de l'expédition d'Egypte. Ici, fut rédigée la monumentale Description de l'Egypte. Les travaux de restauration menés dans les années 1990 ont été financés par l'Ambassade de France et réalisés sous la direction de l'architecte Bernard Maury. Elle est fermée aux visiteurs et devrait accueillir des services de la Bibliothèque d'Alexandrie.

 

La Maison El-Sinnari.

 

Le musée d'Art islamique

Le musée d’Art islamique du Caire, l’un des plus importants musées d’art islamique au monde, a rouvert en octobre 2010 après sept années de travaux.

Le bâtiment, de style néo-arabe, avait été construit en 1903 afin d’abriter tous les objets d’art islamique rassemblés depuis le dernier quart du XIXe siècle par l’ingénieur allemand Franz Pacha.C’est le designer français Adrien Gardère qui a été chargé de l’aménagement intérieur et de la scénographie, organisant les vingt-cinq salles couvrant deux mille cinq cents m2 de façon claire et lumineuse. Le parcours met en valeur les deux mille cinq cents objets, choisis parmi les cent mille conservés par le musée. Les dynasties qui ont dominé l’Egypte depuis le VIIe siècle, omeyyade, abbasside, fatimide, mamelouke et ottomane, sont représentées par de superbes créations. On peut ainsi admirer de rares plafonds à caissons et des moucharabiehs d’une incroyable finesse d’exécution, des éléments en pierre, des pièces de céramique, de ferronnerie ou de verre. Instruments scientifiques (astronomie, chimie, médecine), livres et manuscrits rares, tapis et tissus, ainsi que des pièces venant de Perse, d’Afrique du Nord, d’Andalousie, de Turquie, d’Inde ou de Chine sont également mis en valeur.

Le musée d'Art islamique.

 

Le musée d'Art islamique (photos extraites du blog de Zahi Hawass).

 

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