EDFOU

Le temple d'Horus

 

 

Parfaitement préservé, et tel point qu'il donne l’illusion d'être un bâtiment de construction récente, c'est un des seuls édifices de la Vallée du Nil qui permette de se rendre compte de la façon dont s'organise un temple égyptien. Cependant il s'agit d'un sanctuaire ptolémaïque (IIIe-Ier siècle av. J.-C.), donc d'époque tardive, et certains aménagements, décors ou modes de construction sont inhérents à la personnalité des commanditaires, à savoir les Ptolémées, d'origine grecque.

 

Le pylône d'entrée.
Haut de 36 m et large de près de 80 m, il est second par sa taille après le premier pylône du temple de Karnak. 

 

Aucun temple égyptien n'est aussi bien conservé que celui dédié au culte d'Horus à Edfou car, du pylône aux salles les plus reculées, les différents éléments du bâtiment nous sont parvenus presque intacts. À bien le regarder, il donne l'illusion d'un monument de construction récente, abandonné précipitamment quelques années auparavant. C'est pourquoi son étude reste primordiale : il constitue l'archétype d'un édifice cultuel, tant dans son organisation architecturale que dans le contenu de ses décors. Toutefois, il semble difficile de considérer ce sanctuaire comme un exemple absolu car il s'agit d'un édifice ptolémaïque, donc tardif, et il semble évident que ce type de structure a évolué depuis la XVIIIe dynastie. Fait rare en Égypte, les textes révèlent avec précision sa date de fondation, le 7 épiphi de l'An X de Ptolémée III (23 août de l'an 237 av. J.-C), comme celle de son inauguration, le 1er khoïak de l'An XXV de Ptolémée XII (5 décembre de l'an 57 av. J.-C.). Ainsi, contrairement à de nombreux temples sans cesse remaniés au fil des siècles, celui d'Edfou est parfaitement homogène ; en effet, pour une construction égyptienne, il a été édifié sur un laps de temps relativement court.

Par sa taille, c'est un des centres religieux les plus imposants de la Vallée du Nil : 79 m de large et 137 m de long. Si, dans les grandes lignes, la structure des sanctuaires de l'époque ptolémaïque doit ressembler à celle des édifices antérieurs, on constate que des particularités apparaissent, sans doute inhérentes aux origines de leurs commanditaires. D'emblée, on est surpris par la clarté du plan de base : pylône d'entrée monumental, cour entourée de portiques, salle hypostyle, chambres desservies par des chapelles annexes et "saint des saints" dans lequel, à l'abri de tous les regards, on conserve la statue du dieu. Le tout est compris dans un double mur d'enceinte. Le premier, en grès, enserre le temple ne laissant au passage qu'un espace étroit. Le second, en brique crue, beaucoup plus massif, englobe les édifices annexes : mammisi, nilomètre, lac sacré, entrepôts et habitations des prêtres... Tout s'organise pour que le naos soit la pièce la plus centrale, la plus étroite, la plus basse de plafond et la plus élevée de sol, donc, la plus sombre.

Les "murs-bahuts" (murs reliant deux colonnes) constituant la façade d'entrée du temple.

 

Devant l'entrée du temple, une statue en granit d'Horus, le vengeur d'Osiris, sous la forme d'un faucon menaçant .
Derrière lui, Ptolémée VIII Evergète II faisant des offrandes à Horus.

 

Parallèlement à cette nouvelle organisation de l'espace, l'architecture s'alourdit d'éléments inutiles et superflus qui rendent les bâtiments massifs : chapiteaux composites, architraves imposantes, gorges développées, murs d'entrecolonnement... Les reliefs et les textes adoptent un agencement rigoureux : désormais les registres, clairs et droits, sont délimités par des colonnes de textes compartimentées et ordonnées. Les personnages acquièrent une nouvelle silhouette où, à la platitude des formes, succède une rondeur très inhabituelle. De même, couronnes et parures s'enrichissent d'ornements à vocation ornementale et non plus symbolique, puisés dans l'imagerie religieuse et funéraire. Quant aux décors, ils présentent des thèmes issus de l'iconographie royale traditionnelle, mais, de surcroît, figurent de nombreuses scènes relatives aux cosmogonies et au fonctionnement du culte, depuis le service journalier jusqu'aux cérémonies plus solennelles.

Les imposantes colonnes à chapiteau floral de la salle hypostyle.

 

Hathor et son époux Horus.

 

La barque sacrée.

 

Qu’est-ce qu’un mammisi ?

Ce mot d'origine copte, inventé par J.-F Champollion, signifie littéralement le "lieu de naissance" ou le "lieu d'accouchement". Il s'applique aux édifices, annexés aux sanctuaires à partir de la Basse Époque,  dans lesquels, chaque année, on a coutume de célébrer la naissance des dieux enfants. Par leur présence, ces héritiers doivent perpétuer l'ordre universel et terrestre.

A Edfou et à Denderah, on assiste à la naissance du jeune Harsomthous (fils d'Horus et d'Hathor), conçu à la nouvelle lune du mois d'épiphi (le 3e mois de la récolte) et mis au monde au mois de pharmouti (le 4e mois des semailles), soit dix mois plus tard, cette longue gestation ayant sans doute pour effet de doter l'enfant d'un corps spécialement fort et robuste. Ainsi, sur les parois des mammisis, apparaissent des images relatives à la naissance, à l'allaitement, à l'enfance et à l'éducation du jeune dieu et on constate que, bien souvent, le roi régnant n'hésite pas à s'identifier à lui.

Le mammisi construit par Ptolémée IX (116-107 av. J.-C.), situé à l'avant du pylône du temple.

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