Le grand temple de Ramsès III

Plan du grand temple

« Le temple »: c'est ainsi que les générations postérieures à celle de Ramsès III appelèrent Medinet-Habou, le château des millions d'années où l'âme du roi s'unissait à l'éternité.

150 m de long, 48 m de large, un pylône de 24 m de haut à l'origine, une architecture puissante: aucun autre édifice de Thèbes ouest ne saurait être comparé à cette gigantesque chapelle funéraire où l'esprit du roi était régénéré par les rites tandis que son corps reposait dans un tombeau de la Vallée des Rois.

Une grande animation régnait dans la ville-temple pour laquelle travaillèrent plus de 60 000 personnes. Les activités profanes ont disparu, mais les symboles demeurent. Partout, sur les murs du temple, l'offrande aux dieux se répète, inlassablement, dans un même mouvement hiératique, hors du temps.

L'accès au temple est fermé par un pylône. Comme de règle, il est décoré de scènes de batailles où le pharaon triomphe de ses ennemis, symbole des ténèbres. Ramsès III utilisa les dures réalités de son temps, expéditions en Nubie, combats contre Syriens et Libyens, bataille navale contre les Peuples de la mer dont les navires furent coulés. C'est avec un glaive que Pharaon
« consacre » les captifs à Amon, dieu des victoires. La ville de Thèbes, incarnée dans une déesse, tient ligotés les prisonniers.

Le monde entier est soumis au pharaon, les forces négatives sont magiquement maîtrisées.

Premier pylône

Dans le prolongement de la grande porte d’entrée se dresse un majestueux pylône, le mieux conservé de toute la région thébaine sur lequel on peut lire les récits de la victorieuse bataille de Pharaon contre les Peuples de la Mer. Triomphant, ayant soumis à son autorité les prisonniers captifs, Pharaon savoure sa victoire sous la protection d’Amon-Rê et de Rê-Horakhty.

Devant Amon, Ramsès II tient par les cheveux des captifs qu’il s’apprête à abattre avec une massue (môle sud).

 

Représentation guerrière devant Rê-Horakhty (môle nord).

 

Première cour

Le pylône s'ouvre sur une grande cour (34 m de long sur 32 m de large, n° 5 sur le plan). Les scènes qui décorent la façade intérieure du pylône sont visibles depuis cette cour. Elles ont, en majeure partie, de même que celles de la cour, une tonalité guerrière et militaire. Pour en apprécier la portée, il faut savoir que, sur la gauche, au sud, se trouvait le palais de Ramsès III.

La première cour.

La face intérieure du pylône comporte deux types de scènes: autour de la porte, le roi face aux dieux. La paix règne. Pour franchir ce seuil, il faut être serein et connaître les dieux.

Au contraire, sur les deux massifs des tours, de nouvelles scènes de combats, répondant à celles de l'extérieur. La supériorité égyptienne se révèle écrasante. Ce n'est plus seulement la guerre, c'est le triomphe absolu de Pharaon.

Mur gauche intérieur du pylône.

Mêmes victoires sur les murs bordant la cour, avec un détail macabre: on décompte les cadavres en additionnant les mains coupées et les sexes des incirconcis.

Comptage des mains des ennemis, coupées à la fin de la 2ème campagne en Lybie en l’An 11.

(1er pylône, môle nord, face interne)

 

En bas, scènes d’entraînement au combat.
En haut, des têtes de prisonniers servent de console sur les rebords de la « fenêtre du palais ».

Des statues de Ramsès III, avec un prince et une princesse à ses côtés, affirment la présence de la fonction royale dans cette cour qui se clôt par un second pylône (n° 7 sur le plan) dont le décor est, lui aussi, consacré aux exploits militaires du roi.

Première cour : les piliers osiriaques.

 

Piedestal d'un colosse osiriaque. 

Les ennemis (Nubiens à gauche, Asiatiques à droite) sont tenus, non pas par le pharaon en chair et en os, mais par son cartouche, muni d'une couronne solaire, d'uraeus et de bras.

 

Première cour : Ramsès III.

Second pylône et deuxième cour

Le second pylône donne accès à la seconde grande cour (38 x 41 m) où les statues du roi le représentent sous la forme d'Osiris. Le climat des scènes a changé; on retrouve encore, sur les murs du fond des portiques quelques épisodes guerriers, le triomphe du roi sur ses ennemis, commenté par des textes qui célèbrent la vaillance et l'efficience de Ramsès III. Ces thèmes presque obsessionnels ont pour but d'écarter magiquement les envahisseurs qui menaçaient l'existence même de l'Égypte.

Seconde cour – galerie est : le dénombrement par des scribes des mains coupées aux ennemis.

Deux grandes processions religieuses, en l'honneur des dieux Sokaris et Min, viennent apporter une coloration sacrée très particulière. La procession de Sokaris commence sur le mur sud de la cour et se poursuit sur le mur est. Des prêtres portent la chasse de cette étrange divinité, un faucon momifié, à la tête surmontée de deux plumes. La barque de Sokaris est étonnante, avec une tête d'antilope à l'avant, une sorte de tablier de perles et une butte d'où sort le rapace. Sokaris est celui qui connaît le secret des espaces souterrains. Il ne redoute pas le pouvoir destructeur de Seth, incarné dans l'antilope. Sokaris permet à l'âme de s'engager sans crainte dans les couloirs de la tombe, de franchir les murs et de pénétrer dans l'autre monde. Le dieu se manifeste rarement à la lumière; la procession de sa barque était réservée aux initiés qui étaient passés « par le linceul », qui avaient « changé de peau ».

A Sokaris nocturne, secret, caché, correspond le dieu Min, puissance virile manifestée avec éclat dans la nature. Le rituel du dieu Min est révélé sur le mur nord de la cour et se poursuit sur le mur est. La procession part du palais royal où les préparatifs ont été effectués; le pharaon est présent, entouré de dignitaires et de prêtres. Après avoir honoré la réalité divine par des offrandes, des prêtres portent sur leurs épaules la statue du dieu debout sur un pavois. Ils se dirigent vers une aire sacrée, en plein air. Marche en tête un taureau blanc, symbole de puissance et de fécondation. Dans la procession figurent également les porteurs de mobilier, d'oriflammes et surtout de statues des pharaons qui précédèrent Ramsès III. Ce sont donc les ancêtres, les défunts illustres qui assistent à cette cérémonie et la cautionnent. Pharaon en personne lâche quatre oiseaux qui s'envolent aux quatre orients du monde pour annoncer la bonne nouvelle: un roi règne en Égypte, la Tradition n'a pas été interrompue, l'harmonie règne sur la terre. Il ne reste plus au pharaon qu'à prendre une faucille et à couper une gerbe de blé offerte au taureau blanc. Il assure ainsi la fécondité du sol égyptien, faisant passer la puissance créatrice de Min dans les moissons futures. Le dieu rentrera en paix dans son sanctuaire après avoir constaté que Pharaon remplissait sa fonction de pourvoyeur des richesses.

Fête d’Amon-Min.

 

La litière royale. Derrière le roi se tiennent les deux Mâat ailées. A côté du trône, un lion et un sphinx.

 

Superbes colonnes papyriformes du vestibule.

 

Ramsès II offre de l'encens à Hathor.

 

 

Medinet Habou : le grand temple (fin)

 

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