Mohamed Morsi

Mohamed Morsi (1951 - ), président de la République arabe d’Égypte depuis le 24 juin 2012.

Fils d'un paysan (ou fellah), Morsi grandit dans le gouvernorat d'Ach-Charqiya, dans le delta du Nil.

Membre de la confrérie islamiste des Frères musulmans

Pendant ses études en génie civil à l'université du Caire, il adhère aux Frères musulmans. De 1978 à 1985, il part aux États-Unis finir ses études. Il étudie à l'université de Californie du Sud. En 1979, il épouse Naglaa Ali Mahmoud qui le suit sur le continent américain et travaille au Centre islamique de Californie où elle se consacre particulièrement à l'éducation au mariage des jeunes filles. Leurs deux premiers fils sont nés à Los Angeles, et possèdent de ce fait la nationalité américaine. C'est durant sa période américaine que Morsi a grimpé dans la hiérarchie des Frères musulmans.

Il occupe, parallèlement à ses activités professionnelles au département de génie de l'université de Zagazig, des rôles de plus en plus importants dans la confrérie, devenant une personnalité influente du mouvement : responsable des relations avec le Soudan, directeur de la section des Affaires étrangères, puis membre du Conseil de guidance, la plus haute autorité du mouvement. Morsi devient le directeur de la campagne des élections législatives égyptiennes de 2010 après le bon score des élections législatives égyptiennes de 2005 sur lequel il espère capitaliser. Mais ces élections sont confisquées par le pouvoir de Moubarak qui espère faire élire son fils Gamal à sa succession. Morsi dénonce les arrestations de Frères musulmans (1 500 selon lui) et la fraude aux élections.

Au moment de la révolution de 2011, il devient un des interlocuteurs d'Omar Souleiman qui considère désormais les Frères musulmans comme une force politique prépondérante.

Le 30 avril 2011, est créé le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) et Mohamed Morsi en prend la tête. Il adresse quelques signes rassurants aux adversaires traditionnels des Frères musulmans, que ce soient les libéraux auxquels il promet de collaborer pour la rédaction de la constitution, les communistes et les forces de gauche égyptiennes bien que sceptiques, ou les Coptes dont il prend un représentant comme vice-président du parti, bien qu'il soutienne la charia comme base de la future constitution. Sûr de la confiance du peuple envers son parti, il soutient le scénario de l'élection d'une assemblée constituante rapidement. De fait, les élections législatives égyptiennes de 2011 sont un succès, avec 38 % des votes et 49 % des sièges pour le PLJ.

En mars 2012, le PLJ choisit de présenter la candidature du charismatique Khairat al-Chater à l'élection présidentielle égyptienne de 2012. Cependant, ce dernier a été condamné à plusieurs peines de prison sous Moubarak et sa candidature est invalidée le 14 avril. Pour ne pas se retrouver sans candidat, le PLJ présente aussi la candidature de Morsi, qui se décrit comme candidat d'un parti plus que dirigeant par vocation. Il est considéré comme un candidat sérieux face à Amr Moussa et Ahmed Chafik mais doit unifier le vote islamiste face à deux autres candidats : Abdel Moneim Aboul Fotouh (soutenu par l'autre force islamiste, les salafistes du parti Nour) et Mohamed Selim el-Aoua.

Le 24 juin 2012, le président de la commission électorale proclame Morsi élu au poste de président de la République. Il obtient 51,73 % des voix face à son adversaire Ahmed Chafik.

Présidence de la République

Dans le premier mois de sa présidence, il essaye de cohabiter avec les militaires, mais en août 2012, il destitue le chef de l'armée, le maréchal Tantawi, et s'attribue certains pouvoirs législatifs, le Parlement ayant été dissout par une décision confirmée par la Haute Cour constitutionnelle.

Le 22 novembre 2012, il va plus loin et promulgue une déclaration constitutionnelle qui lui confère la possibilité de légiférer par décret et d'annuler des décisions de justice déjà en cours. En plus de détenir le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, des commentateurs estiment qu'il détient ainsi le pouvoir judiciaire. Morsi est alors comparé par certains à Hosni Moubarak et des manifestations de plusieurs milliers de personnes ont lieu dans le pays, rassemblant en particulier des militants se définissant comme des « défenseurs du principe de laïcité ». Le 9 décembre 2012, pour prendre de court les contestations, il annonce qu'il soumet le projet de Constitution à référendum.

Selon l'opposition laïque, de gauche et libérale, ce texte ouvre la voie à des interprétations rigoristes de l'islam et offre peu de garanties pour certaines libertés. La Constitution a été approuvée par 63,8% des votants, au terme d’un référendum entaché selon l’opposition par des irrégularités. Le taux de participation n'a été que de 32,9% des près de 52 millions d'électeurs inscrits.

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