Anouar El-Sadate

Anouar el-Sadate, en arabe Anwar as-Sādāt (Mit Abou el Kom 1918 - Le Caire 1981), président égyptien (1970-1981).

Anouar el Sadate est né en 1918 à Mit Abou el Kom, dans le gouvernorat de Menoufia, dans une famille égypto-soudanaise pauvre, parmi douze frères et sœurs.  Il étudie à l'Académie militaire royale au Caire, dont il est diplômé en 1938 et à l'issue de laquelle il est affecté au corps des télécommunications.

Hostile à la domination britannique sur l'Égypte et à l'entrée en guerre de son pays aux côtés des Alliés, Sadate est emprisonné durant la Seconde Guerre mondiale pour sa participation à l'agitation entretenue par un groupe de militaires nationalistes. Ceux-ci se constituent, en 1949, en comité des « Officiers libres », auquel Sadate prend part, et renversent, quatre ans plus tard, Farouk Ier, pour fonder une république.

Lors de l’avènement de la Révolution le 23 juillet 1952, sa mission est de prendre l'Office de Radiodiffusion et les réseaux téléphoniques, et de diffuser le premier communiqué informant le peuple que la Révolution est déclarée. Sadate ne cesse de gagner en influence dans l'appareil politique. Il est nommé ministre d'État en 1954 puis secrétaire général du parti unique, l'Union nationale, en 1959. Il est élu président de l'Assemblée nationale en 1960, et il y reste jusqu'en 1968. Il est nommé vice-président et membre du Conseil de la présidence en 1964. Il est élu membre de la Haute Ligue exécutive de l’union socialiste arabe et secrétaire de la Ligue nationale politique en septembre 1968, il est nommé de nouveau vice-président en décembre 1969.

Après le décès de Nasser en octobre 1970, il est élu président de la République et réélu en octobre 1976.

Très rapidement, conscient de l'échec de la politique socialiste qu'a menée le raïs, Sadate élimine les nassériens et entreprend de se rapprocher des Occidentaux. En 1972, il obtient ainsi le départ des conseillers militaires soviétiques. Souhaitant cependant effacer l'humiliation de la défaite égyptienne, lors de la guerre des Six-Jours, et voulant prouver que l'Égypte a encore un rôle dominant à jouer au sein du monde arabe, le président engage les hostilités contre Israël lors de la guerre du Kippour. Il élabore une astucieuse manœuvre militaire afin de masquer ses plans : faisant passer ses mouvements de troupes le long du canal de Suez pour des exercices militaires - fréquents à l'époque dans l'armée égyptienne - il se met dans une position favorable sans éveiller les soupçons israéliens. En parallèle, il s'assure suffisamment de soutien militaire et logistique, sans que ses alliés ne soient au courant du jour où il passera à l'offensive. Seul Hafez el-Assad, le président syrien, est mis au courant afin de mener une offensive coordonnée avec l'assaut égyptien. Le 6 octobre 1973, alors que Sadate ordonne le début des hostilités. L'État-Major israélien est surpris et doit se rendre à l'évidence : malgré une nette supériorité militaire de Tsahal, les forces égyptiennes sont décidées à reprendre les territoires perdus en 1967. Mais, même si l'effet escompté par Sadate est réussi, les Égyptiens, tout comme les Syriens, ne peuvent contenir les contre-attaques israéliennes. Finalement, un cessez-le-feu est négocié entre les États-Unis et l'URSS, alliés respectifs d'Israël et de l'Égypte, et des pourparlers de désengagement peuvent débuter au Kilomètre 101 de la route Le Caire-Suez. Sadate sort certes perdant sur le plan militaire et territorial, il n'en demeure pas moins le grand gagnant : il a prouvé que Tsahal n'est pas invincible - en parvenant à lui faire face quelques jours durant - tout en restaurant l'honneur arabe perdu en 1967 avec une défaite cinglante.

Les troupes israéliennes s'étant retirées du canal de Suez, celui-ci peut être rouvert à la navigation en 1975.

À l'intérieur, Sadate entreprend de libéraliser l'économie mais l'effort militaire pèse lourd, mobilisant jusqu'à 20% des ressources nationales. Sadate accepte de négocier une paix séparée avec Israël, qui doit par ailleurs assurer au pays une aide financière des États-Unis.

En novembre 1977, Sadate devient le premier dirigeant arabe en visite officielle en Israël, où il rencontre le Premier ministre Menahem Begin et prend la parole devant la Knesset à Jérusalem. Il effectue cette visite après avoir été invité par Begin et recherche un accord de paix permanent. Beaucoup d'autorités du monde arabe réagissent très défavorablement à cette visite, du fait qu'Israël est considéré comme un état voyou et un symbole de l'impérialisme.

Cette visite historique d'un dirigeant arabe dans la Ville sainte sous administration israélienne est suivie, en septembre 1978, d'un voyage à Camp David (États-Unis) où, à l'initiative du président américain Jimmy Carter, il rencontre à nouveau le Premier ministre israélien Menahem Begin. Le 17 septembre 1978, sont signés les accords de Camp David.

Begin, Carter et Sadate à Camp David le 17 septembre 1978.

La politique diplomatique de Sadate est récompensée, en 1978, par un prix Nobel de la paix, qu'il partage avec Begin.

Les accords de Camp David sont suivis en mars 1979 de la signature à Washington du premier traité de paix entre Israël et un pays arabe: le traité de paix israélo-égyptien de 1979 par lequel l'Égypte récupère le Sinaï. Le traité prévoit également l'instauration d'une coopération économique entre les deux pays, mais celle-ci restera lettre morte.

Cette politique diplomatique de Sadate est approuvée par la population égyptienne, lors d'un référendum en 1979, puis plébiscitée en 1981. En revanche, elle est extrêmement impopulaire dans le monde arabe et musulman. L'Égypte est alors la plus puissante des nations arabes et une icône du nationalisme arabe. De nombreux espoirs reposent dans la capacité de l'Égypte à obtenir des concessions d'Israël pour les réfugiés, principalement palestiniens, dans le monde arabe. En signant les accords, Sadate fait défection aux autres nations arabes qui devraient alors négocier seules. Ceci est donc considéré comme une trahison du panarabisme de son prédécesseur Nasser, détruisant la vision d'un front arabe uni. En 1979, l'Égypte est exclue de la Ligue arabe, dont le siège est transféré à Tunis.

En Égypte, Sadate est également confronté à l'hostilité des musulmans intégristes dont l'influence progresse à la faveur de la crise économique et de la corruption du régime. Lors d'un défilé militaire organisé à l’occasion de la fête nationale, des militants d'un groupe extrémiste, al-Jihad (la « guerre sainte »), assassinent le président égyptien au Caire, le 6 octobre 1981.

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