Tewfik

Tewfik (1852 - 1892), vice-roi d'Égypte (1879-1892).

Le 25 juin 1879, après l'abdication du khédive Ismaïl, son fils, Tewfik Bey, devient khédive. En effet, en 1866, son père, le khédive Ismaïl qui détestait son oncle Halim Pacha, son héritier présumé, avait réussi à changer le principe de l'ordre de la succession au khédiviat : le titre, au lieu d'être transmis au descendant masculin vivant le plus âgé de Méhémet Ali, devait maintenant descendre de père en fils.

Bien qu'il ait été le fils aîné, Tewfik n'avait pas été envoyé en Europe pour faire ses études comme ses plus jeunes frères.

En 1878, il avait été nommé Président du conseil après le renvoi de Nubar Pacha. Il a tenu ce poste seulement pendant quelques mois mais assez longtemps pour prouver que, s'il était sans ambition et pas particulièrement intelligent ni énergique, il a eu la sagesse de s'abstenir de prendre position dans les intrigues de la vie politique égyptienne. Le nouveau vice-roi fut si contrarié par cette nouvelle de son accession au trône qu'il a fait mettre dans une boîte les oreilles du domestique qui lui a apporté l'information.

L'Égypte était alors impliquée dans des ennuis politiques et financiers provoqués par la politique d'Ismaïl, et la situation a empiré suite à l'inaction de l'Angleterre et de la France pendant les quelques mois qui ont suivi l'accession au pouvoir de Tewfik.

En février 1881, la rue égyptienne reproche à Tewfik d’être inféodé aux Européens. Le mouvement de contestation est dirigé par un officier nationaliste, le colonel Urabi, dit aussi Arabi Pacha, qui a constitué dès 1876 une société secrète nationaliste. Un Parti nationaliste, Al-Hizab al Watani, est créé peu après. L’agitation débouche en février 1881 sur une révolte militaire. L’assemblée élue peu après est en majorité hostile à la tutelle étrangère et vote le budget sans tenir compte des remarques de la Caisse de la dette. La nomination d’Arabi Pacha comme ministre de la Guerre en février 1882 inquiète directement les Anglais et les Français, qui craignent de voir leurs intérêts menacés.

A l'été 1882, l’assassinat de plusieurs dizaines d’Européens à Alexandrie fournit à l’Angleterre le prétexte d’une intervention. Faute d’une majorité au Parlement – les radicaux sont résolument hostiles à une réaction de type « colonial » en Égypte – les Français s’abstiennent de toute intervention et les Anglais agissent seuls.

Le 11 juillet 1882, la Royal Navy bombarde Alexandrie et les troupes du général Wolseley débarquent  en Égypte.

Le 13 septembre 1882, les dernières forces d’Arabi Pacha sont dispersées par les Anglais au combat de Tell el-Kébir. Arrêté, Arabi Pacha est exilé à Ceylan.

En 1883, quand le choléra éclate, Tewfik, courageux, exige d'aller à Alexandrie. Son épouse l'accompagne et ils visitent les malades dans les hôpitaux.

En 1884, sous la pression anglaise, Tewfik abandonne le Soudan. Occasionnellement, il agit sur sa propre initiative, comme en juin 1888 : il écarte son ministre Nubar Pacha qui a trop de divergences de vues avec le consul général britannique, Baring, et fait appel à Riaz Pacha.

Il meurt le 7 janvier 1892 au palais de Heluan, près du Caire. Son fils aîné, Abbas Hilmi, lui succède.

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