Thèbes

 

Thèbes possède un passé prestigieux ainsi qu’en témoignent encore les monuments qui se dressent devant nos yeux émerveillés. Ce passé représente quatre cents ans d’histoire, depuis l’expulsion des Hyksôs jusqu’à la mort du dernier grand pharaon du Nouvel Empire: Ramsès III. Durant cette période, la ville que la légende désigna comme la “Thèbes aux Cent Portes” instaura sa suprématie sur le reste de l’Égypte et du monde. Cette suprématie intervint relativement tard dans la longue histoire de la Vallée du Nil, mais elle laissa une empreinte indélébile sur la civilisation pharaonique.

Aujourd’hui encore, la magnificence de Thèbes, “l’aînée de toutes les villes du monde” comme se plaisait à l’appeler Champollion, est conservée par d’innombrables monuments: la grandeur de Karnak et de Louqsor apparaît du premier coup d’oeil. Le nom même de Louqsor dérive du pluriel d’un mot arabe: “al-ouksour”, c’est-à-dire “les châteaux”, synonymes des ruines que sont aujourd’hui les grands temples du domaine d’Amon-Rê.

Dans l’Antiquité, la ville s’appelait “Ouaset”, “La Puissante” ou encore “niout”, c’est-à-dire “La Ville”, par excellence.  Dans l’Iliade, elle est désignée par les Grecs comme étant Ta Opet en référence au reposoir sacré de Louqsor (Opet/Opet Resyt).

Mais Thèbes, capitale politique et religieuse, ne se résumait pas à la rive orientale. En franchissant le fleuve divin, le Nil, on accédait à d’autres quartiers de la célèbre ville. A l’occident, en effet, se dressaient d’autres monuments et surtout les nécropoles, royales et civiles, que dominait, majestueuse et altière, la cime thébaine, imposante pyramide naturelle aux couleurs changeantes selon les heures du jour…

Pyramide éternelle sur laquelle danse un soleil qui, tour à tour, la rosit, la jaunit, la dore, la pâlit ou la rougit…Pyramide au pied de laquelle les défunts osiriens, rois ou simples fonctionnaires s’étaient unis à l’éternité…

En parvenant sur la rive ouest, le voyageur découvre un paysage de contraste. A une luxuriante végétation, fait place subitement une zone désertique: cette lisière illustre le passage de la fécondité à la stérilité, en somme le passage de la vie à la mort. Et c’est à cette frontière naturelle qu’ont été érigés ce que les anciens Égyptiens ont appelé les “temples de millions d’années”.

Le premier de ces monuments qui se présente aux voyageurs, a subi les outrages des hommes et du temps. C’était le temple de culte royal d’Aménophis III, célèbre surtout depuis l’Antiquité classique pour son colosse nord: le “Colosse de Memnon”. Il s’agissait du plus grand mémorial de la Thèbes occidentale. Construit en l’honneur d’Amon, mais également de son fils terrestre, cet immense complexe s’étendait sur plusieurs hectares. Les colosses, haut de près de 16 mètres, qui en gardaient la façade, étaient comparables à celui que Ramsès II fit ériger plus tard au Ramesseum.

L’Aménophium ne fut pas, cependant, le premier temple construit à l’ouest de Thèbes. Dès le début de la XVIIIème dynastie, les souverains avaient mis en chantier de telles fondations pieuses. D’abord partiellement en terre crue, ces monuments finirent par être bâtis en pierre et devinrent des “châteaux d’éternité”. Ceux de Thoutmosis III, d’Aménophis II, et de Thoutmosis IV sont aujourd’hui à l’état de ruines, mais des efforts sont accomplis par les archéologues pour les sortir de l’oubli.

D’autres, en revanche, ont conservé de belles parties de leur architecture: les temples de Séthi Ier, à Gournah, de Ramsès II au Ramesseum, et de Ramsès III à Medinet Habou, font encore, de nos jours, l’admiration des touristes. Ces édifices, qui témoignent de la grandeur des illustres pharaons de ce temps, suggèrent également, par la beauté de leur architecture et de leur décoration, le haut degré artistique et intellectuel qui avait été atteint par les Égyptiens du Nouvel Empire.

C’est à Hatshepsout, fille du pharaon Thoutmosis Ier et de la reine Ahmès, que l’on doit sans aucun doute le plus original de ces temples. Enchâssé dans un écrin de falaises, juste en face du grand temple d’Amon-Rê de Karnak, le Djeser-Djeserou ou “Sublime des Sublimes” est l’un des ouvrages majeurs de l’architecture royale du Nouvel Empire.

Mohamed El-Bialy, Directeur Général des Antiquités de Thèbes-Ouest

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