Deir el-Medineh

le village des artisans

 

Le site de Deir el-Medineh ("le monastère de la ville"), près de Thèbes, a été fouillé pendant de nombreuses années par Bernard Bruyère.

La topographie du village a variée depuis sa fondation à la XVIIIe dynastie jusqu'à l'époque ramesside. La plus ancienne enceinte relevée remonte à Thoutmosis Ier. De nombreuses phases d'aménagement ont pu être discernées, pour atteindre au début de la XIXe dynastie une superficie définitive. Le nombre d'ouvriers (avec femmes et enfants) occupant le village a varié, certaines maisons demeurant inoccupées un certain temps ou pouvant être occupées par deux ouvriers. Sous Ramsès IV, on a compté jusqu'à 129 ouvriers, mais la moyenne se situe entre 30 et 40. Ce corps privilégié avait son propre tribunal, sa nécropole (à l'ouest), et son temple (au nord).

Au-delà de l'extrémité septentrionale du village, les Ptolémées ont construit un petit temple pour la déesse de la nécropole Hathor et pour Maât.

Le village des artisans et le temple d'Hathor aujourd'hui.

 

Reconstitution RMN.

La vie quotidienne de la communauté d'artisans a pu être reconstituée dans ses détails, d'après les nombreux croquis et documents sur éclats de calcaire (ostraca) découverts dans le village et dans un énorme puits situé non loin de son extrémité nord, mais aussi par des papyrus et autres vestiges.

 

Le plan du village des artisans.

Créé sous Aménophis Ier, ce village de 130 mètres x 50 mètres, nommé « la place de vérité », est blotti dans un ancien ouadi de la falaise thébaine près de Gournet Mouraï. Les habitants, appelés « les serviteurs dans la place de vérité », formaient un corps particulier d'ouvriers spécialisés {carriers, graveurs, sculpteurs, peintres}, chargés d'aménager les tombes de la vallée des Rois. Logés, nourris, blanchis et approvisionnés par les soins de pharaons, ils dépendaient directement du vizir. Leur travail était payé en nature, principalement en blé, à la fin de chaque mois. On leur fournissait aussi d'autres denrées: poissons, légumes et parfois vin, viande, sel,… Quand il arriva en l'an 29 du règne de Ramsès III, que leur ravitaillement fût en retard, les ouvriers, mécontents, causèrent des troubles, entamant une grève qui dura plusieurs jours. Franchissant les murs de la nécropole, ils allèrent jusqu'à pénétrer dans l'enceinte du Ramesseum, dont ils affolèrent le personnel jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications. Leurs statuts particuliers et l'importance du travail qu'ils devaient accomplir, expliquent la rapidité avec laquelle on répondit à leurs revendications.

 

 

Les maisons

De plan rectangulaire, chaque maison avait ses pièces disposées en enfilade. On passait successivement de la pièce de réception à la salle de séjour au plafond supporté par une ou deux colonnettes de bois, puis à la chambre à coucher, sous laquelle se trouvait un cellier. A l'arrière, la cuisine, avec son fourneau de terre et sa cave, séparée de la chambre à coucher par un escalier montant à la terrasse. Ces maisons de briques crues, dont les fondations sont bien conservées, étaient intérieurement blanchies à la chaux et décorées. Le matériel, de qualité et finement orné de motifs peint, retrouvé dans les tombes permet de se faire une idée de la vie quotidienne des ouvriers. Il consistait en lits, chaises, tabourets, lampes à pied où brûlait une mèche, vases, et aussi des instruments de travail, tels que règle et fil à plomb.

 

A: Chambre de réception.

B: Salle de séjour.

C: Chambre à coucher.

D: Cellier.

E: Cuisine.

F: Cave.

G: Escalier montant à la terrasse.

 

 

 

Les tombes

Les tombes des ouvriers, creusées dans la falaise qui borde le village, sont souvent familiales. Elles apparaissent extérieurement comme un champ de fines pyramides, dressées à des étages différents. La chapelle du culte surmonte le caveau, décoré et souvent très développé, où reposait la momie bardée d'amulettes et accompagnée du livre des morts.

Haut