L’écriture hiéroglyphique
« L’écriture hiéroglyphique est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque un même mot. »
Jean-François Champollion
Que signifie le mot hiéroglyphe ?
Cette appellation vient des Grecs :
hieros veut dire sacré et glyphein graver.En égyptien, cette écriture se dit mdw-ntr (médou-nétèr), ce qui veut dire "Parole de dieu".
Principes généraux d’écriture
L’écriture égyptienne est constituée de signes figuratifs. Elle peut être écrite en lignes ou en colonnes, de droite à gauche ou de gauche à droite. L’orientation des signes indique la direction de lecture.
Les signes regardent vers le début du texte ; ainsi, des signes tournés vers la droite indiquent une lecture de droite à gauche et inversement.
Les signes sont disposés d’une façon précise. Deux signes horizontaux sont l’un au-dessus de l’autre, même quand le mot est écrit horizontalement. Le scribe égyptien ressentait toujours le besoin de regrouper les signes de façon harmonieuse en les glissant dans des carrés imaginaires.
Il faut toujours lire le signe du dessus avant celui du dessous puis passer à la lecture du carré suivant.
Fragment de
naos gravé d'un décret royal
262 avant J.-C. (an 20 de Ptolémée II Philadelphe)
provient du temple de Saïs dans le Delta
grauwacke (Musée du Louvre).
Translittération
Chaque son élémentaire véhiculé par l’écriture hiéroglyphique est transposé, par les égyptologues, dans une écriture phonétique appelée « translittération ».
La vocalise de la langue égyptienne ne correspond pas à ce que les Anciens
Égyptiens prononçaient. Il s’agit d’une convention égyptologique consistant à lier par des « e », plus ou moins accentués, les consonnes dont la valeur phonétique est connue. Cependant, la transcription des mots égyptiens dans d’autres langues contemporaines, notant les voyelles, et la connaissance d’un état de langue plus récent, le Copte, permettent de restituer certaines voyelles (a, i, ou…) et des accents toniques.
L’écriture égyptienne est formée de deux sortes de signes :
- des signes qui donnent une indication quant à la catégorie ou à l’idée auxquelles le mot peut être rapproché : les idéogrammes,
- des signes qui donnent des indications quant à la prononciation du mot : les phonogrammes.
En égyptien, un mot peut être écrit à l’aide d’un idéogramme sans précision phonétique.
Ex :
Naviguer vers l’amont
|
|
Naviguer vers l’aval |
Les phonogrammes représentent des consonnes. Il existe trois types de signes phonétiques en égyptien ancien :
Les unilitères
Les bilitères
Les trilitères
Les Égyptiens ont créé les phonogrammes unilitères à partir de certains idéogrammes, pour l’intérêt phonétique des mots qu’ils représentaient. Un unilitère exprime une seule consonne à la fois.
Ces signes sont peu nombreux. Les égyptologues les ont classés selon un ordre fixe adopté pour ranger les mots dans les lexiques et dictionnaires.
Les unilitères
Signe |
Translitération |
description |
Prononciation |
Phonétique |
|
3 |
vautour égyptien |
a |
a |
|
j |
fleur de roseau |
i |
i |
|
y |
deux fleurs de roseau |
y |
y |
|
y |
deux traits obliques |
y |
y |
|
a |
Bras plié |
â |
â |
|
w |
poussin de caille |
ou |
B |
|
w |
graphie hiératique du signe précédent |
ou |
B |
|
b |
jambe |
b |
b |
|
p |
natte |
p |
p |
|
f |
vipère à cornes |
f |
f |
|
m |
chouette |
m |
m |
|
m |
côte d’animal |
m |
m |
|
n |
filet d’eau |
n |
n |
|
n |
couronne rouge |
n |
n |
|
r |
bouche |
r |
r |
|
h |
plan d’édifice, |
h |
h |
|
h |
mèche de lampe |
h aspiré |
h |
|
h |
pelote de cordes ( ?) |
kh (Nacht allemand) |
|
|
h |
ventre de vache ( ?) |
kh (Nacht allemand) |
|
|
s |
verrou |
s |
s |
|
s |
linge plié |
||
|
š |
bassin |
ch |
K |
|
q |
flanc de montagne |
q |
|
|
k |
corbeille à anse |
k |
k |
|
g |
support de jarre |
g |
g |
|
t |
pain |
t |
t |
|
t |
entrave pour animaux |
tch (ou tj) |
tj ou tK |
|
d |
main |
d |
d |
|
d |
cobra |
dj |
dj |
Ces signes servent à rendre deux consonnes.
Un trilitère représente trois consonnes.
Liste des signes
La classification des signes se fonde sur le système du catalogue de la
fonte hiéroglyphique de Sir Alan H. Gardiner (Oxford, 1927).
Les
signes eux-mêmes sont ceux de la fonte numérique Hiéroglyphica
(Utrecht, 1999). Chaque signe est doté d’un code, associant la lettre
correspondant à sa section et un numéro d’ordre. Une lettre minuscule
ajoutée à ce code identifie une variante, ou une duplication du même signe.
Le site
CCER recense les 4700 signes Hieroglyphica.