Le plateau de Gizeh

A l'époque médiévale, Gizeh (ou Gisa) était le nom donné à un petit bourg situé en face de la ville de Fostat (ancienne appellation du Caire). Aujourd'hui, avec l'expansion tentaculaire de la capitale égyptienne, ce village a été complètement englouti par la mégalopole pour devenir une banlieue riche du Caire. L'effet est saisissant. Derrière les buildings modernes, majestueuses et immuables, se dressent les pyramides des rois de la IVe dynastie.

Construites sur un grand plateau calcaire formant une avancée de la chaîne libyque vers la Vallée du Nil, elles dominent toute la plaine qui les entoure. Le site doit son apparence actuelle à la configuration naturelle du terrain et aux activités humaines liées aux chantiers des pyramides, notamment à l'exploitation des carrières et à l'amoncellement des déchets de construction au fil du temps.

Le plateau, situé en moyenne à 40 m au-dessus du niveau de la vallée, mesure environ 2 000 m d'est en ouest et 1 500 m du nord au sud. En son centre, se dressent les pyramides royales alignées du nord-est au sud-ouest, par ordre chronologique et par taille décroissante : ainsi, la pyramide septentrionale, la plus ancienne et la plus grande, appartient à Khéops, celle du centre à Khéphren et la dernière, plus modeste, à Mykérinos.

De gauche à droite, les pyramides de Khéops, Képhren et Mykérinos.

Autour de ces monuments s'organisent différentes structures, également installées au coeur du plateau : pyramides satellites, temples funéraires et champs de mastabas abritant les sépultures des hauts fonctionnaires ou des personnages proche de la famille du roi. Plus loin, vers l'est, apparaissent les édifices situés en contrebas du plateau, à la limite entre le désert et les terres cultivées : les uns, en particulier les temples de la vallée et le sphinx gardien de la nécropole, sont directement attachés aux complexes funéraires; les autres, notamment les installations portuaires et le village des ouvriers, répondent à des besoins liés au fonctionnement quotidien de la nécropole.

Reconstitution des complexes funéraires de Gizeh lors de leur construction (image RMN).
de droite à gauche : Khéops, Khéphren et Mykérinos.

Pour chacun : le temple de la vallée près du lac artificiel, la chaussée montante, le temple funéraire et la pyramide.

Les trois complexes funéraires royaux présents su le plateau, aménagés suivant un modèle inauguré par Snéfrou, sont très détériorés : certains éléments sont à peine visibles; d'autres ont tout simplement disparu. Seul celui de Khéphren permet encore d'imaginer l'organisation de cette architecture funéraire.

Non loin des bords du Nil ou d'un petit port aménagé à la frontière entre le désert et les terres cultivées, le temple de la vallée (ou temple bas) reçoit le défunt lors des funérailles; il constitue un point de passage obligatoire vers la demeure d'éternité. On y pénètre par une porte donnant sur une cour bordée de chapelles et de magasins. C'est le lieu de renaissance du défunt qui, grâce aux rituels pratiqués sur la momie, revit éternellement à travers les statues de culte placées dans son sanctuaire. Une chaussée montante et couverte mène au temple funéraire (ou temple haut). Situé sur la face est de la pyramide, il se divise en deux parties : le vestibule et la cour, pour le culte des statues; le temple intime, pour le dépôt d'offrandes alimentaires.

Derrière se dresse l'élément essentiel de cette structure funéraire : la pyramide, qui n'est autre que le caveau où le défunt repose pour l'éternité.

Des fosses abritent les barques funéraires dont la symbolique pose encore de sérieux problèmes d'interprétation; elles sont creusées à même le roc, au pied de la pyramide.

Enfin, disposés en rangs serrés de part et d'autre du monument royal, se trouvent les mastabas, nom donné aux tombes civiles de l'Ancien Empire. Les particuliers, dont l'espoir de survie se limite à la seule tombe, entendent bien, par cette proximité, participer au devenir solaire du roi. Les plus nobles reposent autour de la pyramide; les moins fortunés se voient relégués aux marges du désert : même par-delà la mort, la hiérarchie sociale est conservée.

Son et lumière de Gizeh.

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