Histoire de l'Égypte (4/9)

 

L’Égypte lagide, romaine et byzantine

-323 -282 Règne de Ptolémée Ier Sôter - le Sauveur -, fils de Lagos et l’un des plus proches compagnons d’Alexandre, qui voit reconnaître ses droits sur l’Égypte par les Diadoques lors de l’accord de partage conclu en -321 à Triparadisos. En -321, Ptolémée a détourné le convoi funéraire d’Alexandre pour faire inhumer le conquérant à Memphis.

-312 Ptolémée s’empare de Chypre, annexée deux ans plus tard, et de la Syrie, puis il bat Démétrios Poliorcète à Gaza.

vers -315 Enquête sur l’Égypte d’Hécatée d’Abdère, rédigée à la demande de Ptolémée. En -308, le souverain invite Clitarque, qui a entrepris d’écrire une Histoire d’Alexandre, à venir s’installer à Alexandrie.

-306 Cassandre, Seleucos et Démétrios Poliorcète battent Ptolémée à Salamine de Chypre.

-305 Ptolémée prend le titre de roi d’Égypte en réaction à la décision des différents diadoques de prendre eux-mêmes ce titre (-306).

La mort d’Antigone, survenue à la bataille d’Ipsos en -301, à l’issue de la quatrième guerre des Diadoques, brise définitivement l’unité de l’Empire construit par le conquérant macédonien.

-290 Fondation du Musée d’Alexandrie

-282 -246 Règne de Ptolémée II Philadelphe qui a épousé sa sœur Arsinoë. Il embellit Alexandrie et fait construire le Phare et la Bibliothèque dont le premier responsable est Zénodote d’Éphèse. C’est à cette époque que la Bible est traduite en grec et que Manéthon rédige son Histoire de l’Égypte. Les médecins Hérophile et Érasistrate pratiquent les premières dissections et Aristarque de Samos calcule la distance de la Terre à la Lune. Fondation de Bereniké au sud d’Assouan, en l’honneur de sa mère Bérénice, la deuxième épouse de Ptolémée Ier. Fondation de Myos Hormos (Quseir) et de Soterias Limen (Port Soudan) sur la côte occidentale de la mer Rouge. Au sud de Soterias Limen, création de Ptolemaïs des Chasses, à l’embouchure de la Baraka.

-278 Célébration des premières Ptolemaia en l’honneur de Ptolémée Ier et de Bérénice, divinisés en tant que « dieux sauveurs ».

-274 -271 Première guerre de Syrie entre Ptolémée II et le Séleucide Antiochos Ier.

vers -270 Le poète syracusain Théocrite séjourne à Alexandrie.

-270 -245 Apollonios de Rhodes est responsable de la Bibliothèque d’Alexandrie. Ératosthène lui succède ensuite, jusque vers -205.

-261 Victoire de Ptolémée II et d’Eumène Ier de Pergame sur Antiochos Ier près de Sardes. Ptolémée II mène ensuite une deuxième guerre de Syrie contre Antiochos II (-260 -253). Le retour de la paix est marqué par le mariage de Bérénice, la fille de Ptolémée avec Antiochos.

-246 -221 Règne de Ptolémée III Evergète Ier. Fondation du port d’Adoulis.

-246 -241 Troisième guerre de Syrie entre Ptolémée III et Séleucos II.

-238 Lors d’une assemblée tenue à Canope, le clergé égyptien accepte d’introduire dans ses temples le culte des « dieux évergètes », c’est-à-dire des souverains de la dynastie lagide.

-221 -205 Règne de Ptolémée IV Philopator. Le déclin de la dynastie lagide commence avec lui, marqué par la multiplication des intrigues de cour et par de sanglants règlements de comptes familiaux. Le nouveau souverain favorise l’essor du culte de Dionysos.

-217 Antiochos III est vaincu à Raphia, à l’issue de la quatrième guerre de Syrie engagée en – 219.

-205 -181 Règne de Ptolémée V Epiphane, marqué par la révolte de la Thébaïde.

-200 La cinquième guerre de Syrie entamée en -202 tourne à l’avantage d’Antiochos III, vainqueur à la bataille du Panion. La Coelé-Syrie demeure entre les mains des Séleucides.

-197 Ptolémée V se fait couronner à Memphis selon le rite égyptien et accorde de nombreux privilèges au clergé indigène.

-181 -145 Règne de Ptolémée VI Philometor.

-175 -145 Aristarque de Samothrace, élève d’Aristophane de Byzance qui l’a précédé dans ces fonctions, est responsable de la Bibliothèque d’Alexandrie.

-170 -168 Sixième guerre de Syrie. Antiochos IV envahit l’Égypte mais Rome exige qu’il en retire ses troupes.

-145 -116 Règne de Ptolémée VII Évergète II. Frère de Ptolémée VI, il épouse sa veuve et fait assassiner son neveu Ptolémée VIII Eupator.

-116 -107 Règne de Ptolémée X Sôter II (Ptolémée IX Apion était un fils de Ptolémée VII qui fut seulement roi de Cyrène de -117 à -96.)

-107 -88 Règne de Ptolémée XI Alexandre Ier

-88 -80 Règne de Ptolémée XII Alexandre II

-80 -51 Règne de Ptolémée XIII Aulète, le « Joueur de flûte ». Chassé d’Alexandrie par l’émeute, il se réfugie à Rhodes où la protection de Pompée lui permet de récupérer son trône.

-59 Le souverain égyptien est reconnu par le Sénat comme « l’allié et l’ami du peuple romain ».

-51 Ptolémée XII laisse son royaume à son fils Ptolémée XIV Dionysos âgé de dix ans et à sa fille Cléopâtre VII.

-48 Pompée vaincu à Pharsale se réfugie en Égypte où il est assassiné sur l’ordre de Ptolémée XIV. Cléopâtre accompagne César à Rome.

-47 Cléopâtre VII a un fils de César, Césarion, dit aussi Ptolémée XVI.

-44 De retour à Alexandrie après l’assassinat de César, Cléopâtre se débarrasse de son frère Ptolémée XV et prend comme co-régent Césarion (Ptolémée XVI), le fils qu’elle a eu de César.

-41 Cléopâtre séduit Marc-Antoine rencontré à Tarse. Il la suit à Alexandrie, part ensuite faire campagne contre les Parthes et la retrouve en -37 à Antioche. Marié à Octavie, la sœur de son allié Octave, le futur Auguste, Marc-Antoine décide alors de rompre le pacte conclu à Brindes en septembre -40 avec ce dernier, pacte qui lui réservait le gouvernement de l’Orient. Il décide en effet de réorganiser l’Orient conquis par Rome en faveur de la monarchie lagide qui se voit attribuer Chypre, une partie de la Crète, la Cyrénaïque et une partie de la Cilicie.

-34 À Alexandrie, Cléopâtre est proclamée « Reine des Rois » et les enfants qu’elle a eus d’Antoine se voient attribuer le titre royal et de vastes territoires : l’Arménie et l’Empire parthe, qui restait à conquérir, pour Alexandre Hélios, la Libye et la Cyrénaïque pour sa sœur jumelle Cléopâtre Séléné, les régions situées à l’ouest de l’Euphrate pour le jeune Ptolémée Philadelphe. L’Orient devenait ainsi, selon l’expression d’E. Will, « une sorte d’empire fédéral ptolémaïque, qui avait Alexandrie pour capitale ».

-31 Défaite de la flotte d’Antoine et de Cléopâtre à Actium. Suicide d’Antoine et de Cléopâtre (-30). Exécution de Césarion ; Cléopâtre Séléné est mariée à Juba de Maurétanie. C’est la fin de la dynastie lagide.

août -30 Octave entre en vainqueur à Alexandrie. Il accorde son pardon à la ville et aux Égyptiens qui ont soutenu Cléopâtre et Marc-Antoine mais prive la capitale des Lagides de son Sénat, la Boulé. L’Égypte devient de fait une province romaine.

-29 Caius Cornelius Gallus doit triompher de deux insurrections, l’une à l’est du Delta, l’autre dans la région de Thèbes et conduit pour cela une expédition punitive jusqu’à Syène (Assouan).

-27 L’Égypte est désignée comme province impériale de type procuratorien, confiée à un préfet équestre. C. Cornelius Gallus, originaire de Fréjus, est le premier titulaire de cette fonction. Il est interdit aux sénateurs de s’y rendre sans autorisation impériale, ce qui marque bien l’importance accordée à l’Égypte, dont les exportations de blé représentent un tiers des quantités consommées à Rome.

-26 L’Égypte adopte le calendrier julien.

38 après J.-C. Vague d’anti-judaïsme à Alexandrie où les juifs représentent sans doute près du tiers de la population. Révocation du gouverneur Aulus Avilius Flacccus.

Milieu du Ier siècle après J.-C. Formation du milieu judéo-chrétien d’Alexandrie, correspondant à la tradition d’une fondation de l’Église d’Alexandrie par l’évangéliste Marc dont le martyre, placé généralement en 61, correspondrait aux massacres anti-juifs de 66.

66 Le gouverneur Tiberius Julius Alexander, lui-même issu du milieu des notables juifs de la ville, doit apaiser de nouvelles tensions entre juifs et Alexandrins. Flavius Josèphe parle de 50 000 victimes, chiffre manifestement très exagéré.

68-69 Lors de la crise correspondant à la fin du règne de Néron, Tiberius Julius Alexander prend parti pour Galba dans un édit de juillet 1968. Il reconnaît ensuite Othon, puis Vitellius avant de soutenir Vespasien, acclamé à Alexandrie en juillet 1969.

La période correspondant à la monarchie flavienne est pour l’Égypte une ère de prospérité qui se poursuit sous les Antonins au cours du siècle suivant.

98-117 Règne de Trajan qui ne se rendra jamais en Égypte mais qui s’intéresse au pays et fait creuser un canal reliant le Nil à la mer Rouge.

115-117 Nouvelle révolte juive. Elle gagne l’Égypte à partir de Cyrène où elle a débuté. Elle se termine avec l’anéantissement à peu près complet des communautés juives d’Alexandrie et de Cyrénaïque.

117-138 Règne d’Hadrien. Il s’avère très bénéfique pour l’Égypte que l’Empereur visite avec l’impératrice Sabine en 130. Il fonde Antinooupolis, en l’honneur d’Antinoous, son jeune favori noyé dans le Nil, et fait construire la Via Hadriana qui relie le fleuve au port de Bérénice, sur la côte occidentale de la mer Rouge.

138-161 Règne d’Antonin le Pieux, qui visite l’Égypte et fait don d’un hippodrome aux Alexandrins.

175 Tentative d’usurpation d’Avidius Cassius, fils d’un préfet d’Égypte qui se proclame empereur et « règne » pendant trois mois après avoir cru, sur la foi d’une rumeur, à la mort de Marc Aurèle. En 176, l’empereur philosophe, toujours bien vivant, visite l’Égypte et pardonne aux Alexandrins d’être ainsi entrés en dissidence.

Fin du IIe siècle L’évêque Démétrios est à la tête de la communauté chrétienne d’Alexandrie, formée à partir du milieu gréco-païen et différente de celle issue du milieu judéo-chrétien annihilée par les mouvements anti-judaïques de 116-117.

180 Création de la Didascalée, une école qui, en formant les catéchistes, va être le principal instrument du prosélytisme chrétien, illustré successivement par Pantène, Clément d’Alexandrie et Origène. L’Église adopte rapidement la langue copte héritée de l’ancien égyptien. « Copte » vient du grec Aiguptos signifiant « Égyptien ».

193-211 Règne de Septime-Sévère qui fait deux séjours en Égypte, rend leur Boulé aux Alexandrins et leur offre de nouveaux édifices (thermes, temples, gymnase).

202 Édit de Septime-Sévère interdisant le christianisme. Début des persécutions, qui font de nombreux martyrs à Alexandrie et en Thébaïde (Haute-Égypte).

212 Édit de Caracalla (Constitutio Antoniniana) accordant le droit de cité romaine à tous les hommes libres de l’Empire.

215-216 Séjour de Caracalla à Alexandrie, au cours duquel il fait exécuter la délégation venue l’accueillir et le préfet Aurelius Septimius Heraclitus.

247-264 Saint Denis à la tête de l’Église d’Alexandrie

249-251 : Règne de Dèce, marqué par une importante persécution des chrétiens. Les persécutions se poursuivent sous le règne de Valérien en 257 mais cessent en 259 avec l’édit de Gallien. Le christianisme égyptien, né à l’origine dans le milieu alexandrin, connaît un rapide essor dans la vallée du Nil et le pays comptera cinquante-sept évêchés au début du IVe siècle, quand se déclencheront les grandes persécutions du règne de Dioclétien. Ils seront plus de cent vers 320.

270-275 Saint Antoine, l’un des premiers anachorètes, se retire au désert et fournit le modèle de l’érémitisme oriental.

284 La réforme administrative de Dioclétien crée plusieurs provinces : l’Égypte (région du Delta pour l’essentiel), la Thébaïde et les deux Libye, le tout placé sous l’autorité du préfet d’Égypte, investi du titre d’Augustal.

303 Persécutions antichrétiennes sous le règne de Dioclétien. Elles s’aggravent encore sous le règne de Maximin Daïa (310-312). Ces persécutions sont à l’origine du schisme mélitien, analogue au donatisme nord-africain. L’évêque Mélice de Nicopolis refuse en effet de réintégrer dans la communauté des fidèles les lapsi, ceux qui ont renié leur foi durant la persécution.

323 Saint Pacôme fonde le premier couvent, il est à l’origine du cénobitisme. Les communautés se multiplient, à Hermopolis, Hermothis ou Ptolemaïs en Haute-Égypte mais aussi dans le Delta occidental, à Canope où est établi le monastère de la Metanoïa.

325 Le concile de Nicée condamne l’arianisme, une hérésie formulée par Arius, un prêtre alexandrin qui a commencé à la prêcher en 318 et qui, subordonnant le Fils au Père, remet ainsi en cause le dogme trinitaire.

328 Le pardon accordé par Constantin à Arius dresse contre l’Empereur Athanase le futur évêque d’Alexandrie et la majorité des chrétiens locaux hostiles à l’arianisme.

338 Le concile égyptien réuni à Alexandrie prend le parti de l’évêque Athanase déposé par le concile de Tyr. Grégoire, l’évêque envoyé depuis Rome, est rejeté par la population qui obtient finalement le retour d’Athanase.

380 Création du diocèse d’Égypte qui regroupe les quatre provinces créées par la réforme de Dioclétien. Il sera supprimé par l’empereur byzantin Justinien et remplacé par cinq duchés – Égypte, Augustamnique, Arcadie, Thébaïde et Libye – placés sous l’autorité du préfet du prétoire d’Orient. Chacun de ces duchés était divisé en deux éparchies.

381 Le concile de Constantinople confirme les décisions prises à Nicée et limite les pouvoirs de la « papauté alexandrine ». Le monopole des pompes funèbres et la perception des taxes sur le commerce de produits aussi importants que le papyrus et le sel assurent alors à l’Église d’Alexandrie une richesse et une puissance considérables. Le patriarcat est alors illustré par Timothée (de 381 à 365) et par Théophile (de 385 à 412) qui déclenche de violentes campagnes contre le paganisme.

386 Pèlerinage de saint Jérôme en Égypte. Il fait suite à ceux de Rufin (371-377) et de Cassien (385) et précède ceux de Palladius (388) et d’Aetheria (395).

391 L’édit de Théodose fait du christianisme la religion d’État et interdit les cultes païens.

392 Des chrétiens détruisent le temple de Sérapis.

412 Le patriarche saint Cyrille d’Alexandrie entre en conflit avec le préfet Oreste, représentant du pouvoir civil.

415 Meurtre d’Hypatie, fille du mathématicien Théon, victime du fanatisme anti-païen.

444 Mort du patriarche Cyrille, adversaire déterminé des Nestoriens. L’évêque Dioscore qui lui succède affirme la prééminence du patriarcat d’Alexandrie.

440 Le parti alexandrin triomphe lors du « brigandage d’Ephèse » mais l’empereur Marcien, qui succède à Théodose II en 450, décide la réunion d’un nouveau concile.

451 Le concile de Chalcédoine dépose et exile Dioscore et réaffirme la double nature du Christ contre la doctrine « monophysite » qui soutient la primauté de la nature divine de Jésus-Christ et contre le nestorianisme qui met en avant sa nature humaine. Au-delà du débat théologique, l’Égypte, acquise, comme la Syrie, au monophysisme, s’oppose désormais vigoureusement à Constantinople et ces querelles religieuses affaiblissent gravement la chrétienté orientale, ce qui permettra bientôt aux envahisseurs musulmans de la subjuguer plus facilement.

537 Justinien fait fermer le temple de Philae où un culte était toujours rendu à la déesse Isis.

541 Une grave épidémie de peste affecte l’Égypte.

578-605 Damien est patriarche d’Alexandrie et s’efforce de rétablir l’unité de l’Église égyptienne.

619 Conquête de l’Égypte par les Perses Sassanides. Jérusalem est tombée en 614. Le roi Chosroès II s’appuie sur l’Église égyptienne pour affaiblir l’Empire byzantin dont la capitale est par ailleurs privée des cargaisons de blé que lui envoyait jusque-là l’Égypte.

629 La reconquête byzantine menée à bien par l’Empereur Héraclius est perçue en Égypte, attachée au monophysisme, comme le début d’une période d’occupation étrangère – un non Égyptien est même nommé alors à la tête du patriarcat d’Alexandrie –, ce qui explique pour une part l’étonnante facilité avec laquelle se réalise, quelques années plus tard, la conquête arabe.

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