Histoire de l'Égypte (6/9)

 

L’Égypte des Mameluks et des Ottomans

1260-1277 Règne de Baybars qui s’est débarrassé de Koukouz en le faisant assassiner et qui réunit la Syrie à l’Égypte, en faisant ainsi de celle-ci la grande puissance musulmane du temps. Il reprend aux croisés Jaffa, Césarée, Safad, le Krak des Chevaliers et Antioche.

1264 Contre les Francs encore présents en Terre sainte et contre la menace mongole, les Mameluks recherchent l’alliance byzantine et feront de même en 1281.

1266 Baybars soumet le royaume arménien de CiIicie coupable d’avoir recherché l’alliance mongole.

1268 Prise de Jaffa, d’Antioche et du château de Beaufort. Tous les défenseurs d’Antioche sont massacrés malgré la promesse d’avoir la vie sauve.

1277-1280 Saïd Berké, fils de Baybars, accède au trône mais il est incapable de régner et c’est son beau-pète, Kalaoun, qui lui succède de 1280 à 1290. Il conclut une trêve avec Bohémond de Tripoli et les ordres militaires pour pouvoir se retourner contre les Mongols.

octobre 1281 Les Mongols et leurs alliés arméniens sont tenus en échec devant Homs et contraints d’évacuer la Syrie.

1284 Construction de la mosquée funéraire de Kalaoun.

août 1287 Après avoir pris Markab en 1285, les Mameluks s’emparent de Lattaquié.

février 1289 Prise de Tripoli dont toute la population est massacrée ou réduite en esclavage.

11 novembre 1290 Mort de Kalaoun. Son fils Al-Achraf Khalil lui succède.

18 avril 1291 Les Mameluks prennent Saint-Jean d’Acre, la dernière place importante tenue par les croisés. Les derniers points d’appui chrétiens de Tortose, Tyr et Beyrouth sont également emportés.

1293-1341 Règne d’Al-Nasir Mohammed ibn Kalaoun, l’un des fils de Khalil. C’est un enfant et la réalité du pouvoir appartient à Kitbuga qui se proclame sultan en 1295. Il est renversé en 1296 par Ladjin, un autre chef mameluk, qui se proclame sultan avant d’être lui-même assassiné en 1299. Nasir est alors rétabli sur le trône mais le pouvoir revient de fait à Rukn al-Din Baybars et à Sayf al-Din Safar.

1302 Traité de commerce entre Venise et l’Égypte

avril 1303 Après la défaite subie en 1299 à Homs et après la perte d’Alep et de Damas, les Mameluks prennent une éclatante revanche lors de la bataille de Mardj-al-Saffar, près de Damas.

1304 Les Mameluks conduisent une nouvelle campagne en Arménie qui les mène jusqu’à Malatya et ruine complètement le royaume du roi Héthoum, contraint de verser à l’issue un très lourd tribut.

1309 L’abdication de Nasir porte au pouvoir Rukh al-Din Baybars, un Circassien élu sultan par ses pairs sous le nom de Baybars II mais Nasir retrouve bientôt son trône en liquidant l’usurpateur et en se débarrassant aussi de Sayf al-Din Safar dont il s’était fait un allié. Nasir reprend ainsi le pouvoir pour la troisième fois, à un moment qui voit l’apogée de la puissance mameluke, débarrassée de la présence des croisés et de la menace mongole.

1315 Le dernier souverain chrétien du royaume nubien de Dongola est emprisonné en Égypte et remplacé par un roi musulman. En 1317, la cathédrale de Dongola est transformée en mosquée. Le dernier royaume chrétien nilotique, celui d’Aloa, disparaîtra en 1504 pour devenir le royaume de Sennar.

1317 L’autorité d’Al-Nasir est reconnue à La Mecque et à Médine.

1319-1320 Vague de persécutions et de massacres contre les coptes dont de nombreux monastères et églises sont détruits.

1340-1346 Six fils de Nasir se succèdent et sont régulièrement renversés. Seul Hasan réussit à régner plus durablement de 1347 à 1351, puis de 1354 à 1361. L’Égypte est alors frappée, de 1348 à 1350, par la grande épidémie de peste qui va bientôt s’abattre sur l’Europe.

1342 Conclusion d’un traité de commerce avec Venise.

1347 Les Mameluks s’emparent de Lajazzo, un port de Petite Arménie fréquenté par les marchands génois et vénitiens et tentent de détourner vers l’Égypte les flux commerciaux apportant en Méditerranée les produits orientaux. Ils s’emparent également en 1359, dans le même but, d’Adana et de Tarse.

1361-1363 Règne de Mohammed, petit-fils de Nasir.

1363-1376 Un autre petit-fils de Nasir, Chaban, détient le pouvoir en Égypte.

1365 La croisade conduite par Pierre de Lusignan, roi de Chypre, se limite à un débarquement à Alexandrie qui est mise à sac et à une expédition de pillage demeurée sans lendemain. Considérés comme favorables aux envahisseurs chrétiens, les coptes sont victimes de nouvelles persécutions.

1376 Après l’assassinat de Chaban, une période d’anarchie de plusieurs années affecte l’Égypte.

1382-1517 Règne des Mameluks Burdjites ou Circassiens (Tcherkesses) qui mettent fin au principe dynastique pour élire leurs sultans au sein de l’aristocratie militaire.

1382-1399 Règne de Barkouk qui doit faire face à une rébellion de la Syrie en 1389. Son successeur, Faradj, qui règne quelques mois en 1399, puis de 1405 à 1412 est un demi-fou sanguinaire et incapable.

1394 Conclusion d’une alliance entre les Mameluks et les Ottomans pour faire face au danger que représente Tamerlan.

1400-1401 Tamerlan ravage la Syrie et l’Irak et repousse les Mameluks mais se retourne ensuite contre les Ottomans du sultan Bayézid pour les écraser à la bataille d’Angora, ce qui sauve l’Égypte de l’invasion.

1412 À la mort de Faradj, les chefs mameluks décident de proclamer sultan l’héritier du califat abbasside de Bagdad réfugié au Caire mais Al-Mustain ne règne que peu de temps car un chef circassien s’empare du pouvoir sous le nom de Muayyad et l’exerce de 1412 à 1420. Ce souverain consacrera surtout son règne à des campagnes en Cilicie et en Asie Mineure pour rétablir la frontière septentrionale de la puissance mameluke sur le Taurus.

1422-1437 Règne de Barsbay. La succession de Muayyad correspondait à une période de chaos mais, en avril 1422, Barsbay est proclamé sultan et, sous son autorité, le sultanat mameluk connaît une brillante renaissance. Sa suzeraineté est reconnue sur La Mecque et Médine, les villes saintes du Hedjaz.

1426 Expédition contre Chypre qui doit accepter de payer tribut à l’Égypte.

1426 Établissement d’un monopole d’État sur le commerce des épices orientales.

1438-1453 Règne de Tchakmak, qui a déposé Yusuf, le fils de Barsbay.

1444 Les Égyptiens échouent dans leur tentative de conquérir Rhodes défendue par les chevaliers de l’Hôpital.

1453-1461 Règne d’Inal qui a écarté Osman, un fils incapable de Tchakmak

1453 La prise de Constantinople par les Turcs ottomans bouleverse le rapport des forces en Méditerranée orientale et met à terme en danger la puissance mameluke.

1461-1467 Règne de Kouchkadam qui a déposé Ahmed, le fils d’Inan écarté pour avoir voulu réformer en profondeur l’État mameluk.

1468-1496 Règne de Kaitbay après une nouvelle crise de succession. Au nord de la Syrie, Mameluks et Ottomans commencent à s’affronter. Âgé de quatre-vingt-six ans, Kaitbay abdique en faveur de son fils Mohammed qui règne de 1496 à 1498.

1481 Kaitbay accueille au Caire Djem fils du sultan ottoman Mehmed II et rival de son frère Bayezid II.

1483-1491 Guerre entre Mameluks et Ottomans.

1492 Une épidémie de peste fait deux cent mille morts, dont un tiers de l’effectif mameluk. Une terrible disette affecte le pays deux ans plus tard.

1501 Kansouh al-Ghouri est proclamé sultan après trois années d’anarchie au cours desquelles se sont succédé cinq sultans. Il régnera jusqu’en 1516. En 1504, il menace le pape Jules II de détruire les Lieux saints de Palestine si les Portugais poursuivent leur guerre maritime contre le commerce musulman dans l’océan Indien.

1505 Préparatifs militaires et navals en mer Rouge, à Djeddah et Souakin, pour engager la lutte contre les Portugais.

1509 Le Portugais Luis de Almeida envoie par le fond la flotte égyptienne au large du port indien de Diu. Présents à Socotora et à Ormuzd comme sur les côtes indiennes et de l’Est africain, les Portugais font de l’océan Indien un espace qu’ils contrôlent, au détriment de l’Égypte et de Venise qui tiraient jusque-là d’importants profits du commerce avec l’Orient.

1510 Le roi de France Louis XII envoie une ambassade au Caire et le sultan égyptien garantit en 1511 la liberté du pèlerinage aux Lieux saints de Palestine.

août 1516 L’armée égyptienne est défaite à Mardj Dabiq, près d’Alep, par l’armée ottomane, déjà victorieuse des Persans à Tchaldiran deux ans plus tôt. Sélim Ier entre à Damas. La puissance ottomane peut s’imposer à tout le Proche-Orient arabe, y compris à l’Égypte.

1516 Touman est proclamé sultan au Caire mais les Mameluks essuient de nouvelles défaites, notamment à Gaza.

janvier 1517 Les Turcs s’emparent du Caire, farouchement défendu par les Mameluks. Réfugié dans le désert occidental, Touman est pris et pendu le 14 avril. Vainqueur, le sultan Sélim Ier Yavouz, « le Terrible » abolit le sultanat égyptien mais impose simplement aux Mameluks la reconnaissance de son autorité. L’Égypte continue donc à être dirigée par les Mameluks et c’est un transfuge de ceux-ci passé dans le camp du sultan ottoman, Khayr Bey, qui est chargé de gouverner le pays. Ce wali – ou pacha – est nommé pour trois ans par le sultan de Constantinople ; les gouverneurs des vingt-quatre districts administratifs sont tous issus des Mameluks, qui deviennent alors une caste dont les pouvoirs se transmettent héréditairement. De nombreuses rébellions marquent l’histoire de l’Égypte à l’époque ottomane, dominée par les rivalités entre le pacha nommé par la Sublime Porte, les troupes de l’Odjak dépendant également de Constantinople et les troupes mamelukes locales.

1538 Soliman Pacha, wali d’Égypte, s’empare d’Aden pour lutter contre la présence portugaise dans l’océan Indien.

1631-1656 Désigné par les différents beys placés à la tête des provinces, Ridwan Bey al-Fakari exerce de fait le pouvoir. Les XVIIe et XVIe siècles sont marqués par les rivalités opposant deux factions principales, la Fakariya et la Kasimiya, l’alternance au pouvoir s’effectuant le plus souvent de manière violente.

1718 La Fakariya s’impose au pouvoir au prix d’affrontements sanglants et prolongés.

1760 Ali Bey s’impose comme « l’homme fort » du pays, avec la bénédiction d’Istanbul mais, en 1768, il destitue le wali nommé par la Porte et le remplace en 1770 par un bey égyptien. Il voudrait rendre à l’Égypte son indépendance par rapport à Constantinople et reconstituer le sultanat mameluk d’avant 1517 mais les antagonismes opposant les différents clans mameluks l’empêchent de mettre en œuvre un tel projet.

1772 Le meurtre du wali Muhammad Bey ouvre une période de dix années de conflit. L’anarchie se généralise en même temps que s’alourdit la pression fiscale.

juillet 1786 Un corps expéditionnaire ottoman commandé par Hasan Pacha débarque à Alexandrie et les Mameluks sont battus. Mourad Bey et Ibrahim Bey se réfugient en Haute-Égypte alors que la Basse-Égypte est sous le contrôle d’un autre chef mameluk, Ismaël Bey, qui la gouverne pour le compte du sultan.

1791 Mort d’Ismaël Bey. Ses deux rivaux reprennent le contrôle de l’ensemble de l’Égypte où la majorité de la population subit patiemment la domination de cette aristocratie prédatrice, parasitaire et anachronique. Ils concluent en 1792 avec la Porte un arrangement qui leur abandonne de fait le pays contre la garantie du versement de l’impôt annuel au sultan. C’est pour toutes ces raisons que Bonaparte se présentera en « libérateur » de l’Égypte du joug des Mameluks.

1787 Publication du Voyage en Syrie et en Égypte de Volney, qui développe en France l’intérêt pour l’Égypte mais dans lequel l’auteur précise que « pour s’établir en Égypte, il faudra soutenir trois guerres : la première contre l’Angleterre, la deuxième contre la Porte, la troisième, la plus difficile de toutes, contre les musulmans qui forment la population de ce pays. »

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