Karnak

Le musée de plein air

 

Le site de Karnak est un immense musée à ciel ouvert. Il existe néanmoins sur le site un espace plus intime, où sont exposés des petits édifices, qui comptent parmi les plus belles réalisations architecturales. Les pharaons de l'ancienne Égypte n'ont eu de cesse d'agrandir et d'aménager le site en l'honneur du dieu Amon. Lors de ces travaux, les constructeurs n'hésitaient pas à démonter un monument pour intégrer ses pierres dans d'autres bâtiments. Ce réemploi des blocs de construction permet aujourd'hui aux archéologues de redécouvrir des monuments anciens, édifiés en d'autres temps. Comme il est désormais impossible de les reconstruire in situ, il a été décidé de les rebâtir sur une zone déjà fouillée, appelée le musée de plein air.

© Cliché CNRS/CFEETK - A. Chéné.

 

La Chapelle Blanche de Sésostris Ier (1934 -1898 – XIIe dynastie).

Ce monument en forme de kiosque à double entrée, monté sur un soubassement, servait de reposoir-sanctuaire. C'est l'un des plus anciens monuments de Karnak et l'un des rares édifices en calcaire à avoir survécu aux chaufourniers. Ses reliefs sont parmi les plus finement sculptés de l'art du Moyen Empire.

Comment croire que ce monument démonté par Aménophis III a pu rester enfoui plus de 3000 ans dans le IIIe pylône ? Personne ne connaît l'emplacement originel de cette chapelle à piliers. Elle est l'un des rares monuments qui permette d'imaginer le coeur du temple d'Amon, la cour dite du Moyen Empire, dont les monuments en calcaire ont aujourd'hui disparu.

Les décors de la Chapelle Blanche, sculptés dans un calcaire fin que les artisans ont ciselé avec soin, représentent le roi faisant offrande à Amon ou Amon ithyphallique. Chaque signe présente une multitude de détails qui permet d'identifier des objets du quotidien et parfois de rendre compte de sa matière. Henri Chevrier, lors de sa découverte dans le IIIe pylône, fut saisi par la beauté des décors, et travailla personnellement à sa reconstruction en 1938.

Sésostris fait une offrande au dieu ithyphallique Amon Min.

La Chapelle de Thoutmosis IV (1396-1386 - XVIIIe dynastie)

Cette chapelle en calcite - à distinguer de l'albâtre - a été construite en plusieurs monolithes de quelques tonnes. Les blocs qui la constituaient ont été retrouvés brisés et dispersés. Le monument a souffert de son démontage et de sa conservation dans le IIIe pylône. L'intégrité du monument reconstitué n'est qu'apparente : il est en fait recomposé à partir d'une centaine de fragments. Seule, une dalle de plafond manque à cette chapelle. L'état fragmentaire de la chapelle de Thoutmosis IV et les problèmes techniques liés à la manutention de ces énormes blocs avaient empêché sa reconstruction jusqu'à ces dernières années. Le remontage de cette chapelle a été réalisé en 1996. Les deux dalles de plafond pesant chacune 35 tonnes ont pu ainsi retrouver leur place.

Cet édifice fait partie d'un ensemble de chapelles reposoirs de barque démontées par Aménophis III.

 

La Chapelle d’Aménophis Ier (1525-1504 – XVIIIe dynastie)

Cette chapelle, également en calcite, a été reconstruite en 1948 par H. Chevrier.

 

La Chapelle Rouge d'Hatshepsout (1479-1457 – XVIIIe dynastie)

En l’an XVII de la corégence, Hatshepsout fait construire la Sèt-ib Imen, "La Place du Cœur d’Amon" (la Chapelle Rouge), dans l’axe des salles du Palais de Maât, derrière le IVe pylône du temple d’Amon de Karnak, pour servir de reposoir à la Barque sacrée d'Amon.

La Chapelle Rouge, construite en quartzite, est un édifice hors du commun puisqu'il s'agit du premier "préfabriqué" en pierre de l'histoire, les blocs mesurant tous une coudée de hauteur, assemblés grâce à des encoches et maintenus entre eux par des queues d'aronde. De plus, chaque bloc, conçu comme une unité décorative présentant un ou plusieurs tableaux complets, a été décoré avant son montage.

Croquis évoquant la manoeuvre pour l'assemblage des éléments "préfabriqués". (Dessin H. Chevrier)

Depuis peu, la Chapelle Rouge a été remontée par les soins du Centre Franco-Égyptien d'Étude des Temples de Karnak (CFEETK) par anastylose à partir d'environ 300 blocs pour l'essentiel sortis du bourrage du IIIe pylône d'Aménophis III et qui étaient jusqu'à présent conservés sous forme éparse dans le Musée en Plein Air du temple.

Le décor :

Toutes les scènes illustrent les rituels pratiqués lors de la procession de la barque d'Amon.

La barque d'Amon.

Au cours de la cérémonie, un spectacle de musique et de danse était donné en l'honneur du dieu Amon. La foule de fidèles pouvait alors se réjouir de la venue du dieu et participer à sa célébration.

Les danseurs et musiciens.

Hatshepsout rend hommage à Amon  et Amon Min.

Soubassement des murs extérieurs : procession de femmes et d'hommes androgynes, gras au sein tombant, les "Dieux-Nils", symboles de prospérité.

La frise de Rekhyt par laquelle Hatshepsout montre sa dévotion au dieu Amon.

Hatshepsout.

Haut