Mohamed Saïd

Mohamed Saïd Pacha (Le Caire 1822 - Alexandrie 1863), vice-roi d'Égypte (1854-1863).

Mohamed Saïd est le quatrième fils et le fils préféré de Méhémet Ali.

Il a reçu une éducation européenne dispensée par des professeurs, français pour la plupart, dont l’orientaliste Koenig Bey, qui devint plus tard son secrétaire des commandements. Malgré son aptitude pour les études littéraires et scientifiques, il préfère, en raison de son tempérament fougueux, une existence très active. Son père ayant expressément désiré qu’il entrât dans la marine, il fut, très jeune encore, nommé grand amiral de la flotte.

Le 14 juillet 1854, Mohamed Saïd succède à son neveu, le médiocre Abbas Pacha, en vertu du firman de 1841 qui déclare la vice-royauté d’Égypte héréditaire dans la famille de Méhémet Ali par ordre de primogéniture. Il va donc recevoir l’investiture à Constantinople et s’applique à gagner la confiance de tous les membres du divan impérial, puis, de retour au Caire, il arme un corps de 10 000 hommes qu’il envoie au sultan pour l’aider à soutenir la guerre contre les Russes.

Il fait ensuite les efforts les plus intelligents pour continuer l’œuvre civilisatrice ébauchée par son père et interrompue par son prédécesseur. A cet effet, il exécute plusieurs voyages dans l’intérieur de l’Égypte et jusque dans le Soudan.

Grâce à son initiative personnelle, toutes les branches de l’administration, la justice, le système de la propriété foncière, les finances, font l’objet d’heureuses modifications. Il abolit les monopoles, distribue aux chefs de famille des terres non cultivées, allége les charges qui pesaient sur les fellahs et entreprend ou continue plusieurs travaux d’utilité publique, entre autres le barrage du Nil, commencé sous Méhémet Ali.

Le service militaire, qui pesait alors exclusivement sur les pauvres, est rendu obligatoire pour toutes les classes, par suite d’un système de recrutement qui appelle indistinctement tous les jeunes Égyptiens sous les drapeaux.

Mais le principal titre de Saïd Pacha à l’estime de la postérité est le patronage qu’il accorda au percement de l’isthme de Suez, entreprise gigantesque qu’il encouragea par tous les moyens dont il put disposer, malgré la résistance passive du sultan. Le 30 novembre 1854, Mohammed Saïd accorde par firman au Français Ferdinand de Lesseps, ancien consul en Égypte, le droit de fonder une société chargée de construire un canal reliant la Méditerranée à la mer Rouge. En décembre 1858, est constituée la Compagnie du canal de Suez, au capital de 400 000 actions, dont 42 % souscrites par Mohammed Saïd et 52 % par les investisseurs français. La Compagnie reçoit pour 99 ans la concession des terres nécessaires au percement du canal.
Ce vieux projet, maintes fois oublié, le diplomate français réussira à le mener à son terme, avec l'assentiment initial du Pacha Mohamed Saïd, qui donne son nom à la ville de Port Saïd.

Un gouvernement si énergique à la fois et si sage acquiert à Saïd Pacha l’estime de l’Occident et particulièrement de la France, où il reçoit, en mai 1863, l’accueil le plus sympathique.

Saïd Pacha meurt en 1863 en laissant deux femmes et un enfant, Toussoun, âgé de dix ans. Son neveu Ismaïl Pacha lui succédera.

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