Mohamed Hosni Moubarak

Hosni Moubarak (Kafr al-Musilha 1928 - ), homme d’État Égyptien, président de la République arabe d’Égypte (1981-2011).

Un fidèle compagnon d’Anouar el-Sadate

Mohamed Hosni Moubarak est né le 4 mai 1928 dans le bourg de Kafr al-Musilha, dans le gouvernorat de Menoufia, d’un père inspecteur au ministère de la Justice. Après le lycée, il suit la formation de l’École militaire nationale et de l’École de l’air égyptienne, puis celle de l’école d’état-major du Commandant-Frunze à Moscou. Depuis lors, il progresse régulièrement dans la hiérarchie, en occupant successivement les postes de pilote, d'instructeur, de chef d'escadrille et enfin, de commandant de base. En 1964, il est nommé à la tête de la délégation de l'armée égyptienne en URSS. Le 2 novembre 1967, il est nommé directeur de l'Académie d'aviation avec pour mission de préparer de nouveaux aviateurs. Le 22 juin 1969, il est nommé chef d'état-major des Forces aériennes puis, le 24 avril 1972, commandant des Forces aériennes. C'est à ce titre qu'il dirige l'aviation lors de la guerre du Kippour engagée avec la Syrie contre Israël le 6 octobre 1973.

Sous la présidence d’Anouar el-Sadate (1970-1981), dont il est un fidèle compagnon, il est affecté à de nombreux postes au sein de l’armée, dont celui de ministre adjoint de la Guerre (1972-1975) ; le 16 avril 1975, il est nommé vice-président  de l'Égypte et, en 1978, vice-président du parti présidentiel, le Parti National Démocratique (PND).

Le leader du monde arabe

Il devient président de la République le 14 octobre 1981 après l'assassinat d'Anouar el-Sadate.

Il entreprend un vigoureux programme de redressement économique, respecte le traité de paix signé avec Israël, s’emploie à améliorer les relations avec les autres États arabes et adopte une politique qu’il qualifie « de neutralité positive » à l’égard des grandes puissances mondiales. Il parvient ainsi à redonner à l’Égypte son rôle de leader dans le monde arabe et s’impose comme l’interlocuteur privilégié des États-Unis dans la région. Engagé dans la recherche d’une issue au conflit israélo-arabe, il orchestre également l’opposition de la Ligue arabe à l’invasion du Koweït par l’Irak et participe, avec environ 38 500 soldats, à la coalition anti-irakienne constituée durant la guerre du Golfe.

Un gouvernement sans partage

À l’intérieur, Hosni Moubarak gouverne sans partage - il est plébiscité en 1987, 1993 et 1999. Il est toutefois confronté à la montée du fondamentalisme islamique, et l’attentat d’un commando islamiste contre des touristes à Louxor le 17 novembre 1997 porte un coup sérieux au crédit de son gouvernement. Il mène une répression féroce contre le terrorisme islamiste, incarné par la Jamaa Islamiya. Principale formation de l’opposition, la confrérie des Frères musulmans (qui préconisent un gouvernement régi par la loi canonique musulmane) n’est pas autorisée à se constituer en parti bien qu’elle ait officiellement renoncé à toute forme de violence.

Bien que la popularité de Moubarak ait augmenté avec le temps et que son rôle de leader du mon arabe se soit solidifié dans les années 1980 et 1990, il a perdu graduellement le soutien populaire égyptien à partir du milieu des années 1990, la performance économique du pays ayant été gâchée par des dépenses gouvernementales jugées excessives et par un secteur public engorgé.

La chute de popularité de Moubarak s'accélère avec la mise en lumière de la corruption de son fils Alaa lors d'affaires de marchés publics et de privatisations. Vers la fin de l'année 2000, c'est son autre fils, Gamal, qui fait l'actualité en gravissant les échelons du PND. La visibilité et l'influence de Gamal devenant toujours plus importantes, des rumeurs apparaissent selon lesquelles il serait préparé à succéder à son père à la tête de l'État. Ce dernier a néanmoins toujours nié cette éventualité.

En juillet 2004, Moubarak accepte la démission du gouvernement égyptien et nomme un nouveau Premier ministre. Le nouveau gouvernement n'est pas perçu positivement par de nombreux Égyptiens, et les conditions économiques du pays ne s'améliorent pas.

Vers une démocratisation en Égypte ?

Depuis 2005, l'Égypte s'est engagée dans un programme de réformes constitutionnelles Suite à une réforme constitutionnelle instituant des élections présidentielles pluralistes, le 9 septembre 2005, Hosni Moubarak est élu président de la République arabe d'Égypte au suffrage universel avec 88,5% des voix.

Depuis l'assassinat d'Anouar el-Sadate, au nom de la lutte contre le terrorisme et de sa politique sécuritaire, Hosni Moubarak maintient l’état d’urgence au prix des libertés individuelles et politiques. Le 26 mars 2007, le peuple égyptien est invité à se prononcer par référendum sur de nouvelles modifications de la constitution adoptées auparavant à une large majorité par le parlement progouvernemental. Ce référendum est décrié par l'opposition (dont les Frères musulmans) et par des organisations internationales (Amnesty) qui dénoncent dans ce nouveau texte un recul sans précédent des libertés individuelles. Malgré une faible participation (27,1% officiellement), il obtient 75,9% de oui. Cette nouvelle constitution supprime l'état d'urgence mais donne plus de pouvoir aux services de police (écoute téléphonique et arrestation sans mandat,...), la possibilité de traduire un présumé terroriste devant un tribunal d'exception, la fin du contrôle exclusif des élections par les juges, mais surtout ne tolère aucun parti politique dont la référence à la religion serait par trop explicite.

La révolution du 25 janvier 2011 ("la révolution du lotus")

Hosni Moubarak est surpris par de violentes manifestations hostiles à son pouvoir qui éclatent en Égypte fin janvier 2011, peu après la Révolution tunisienne. Le 28 janvier 2011, il décide de limoger le gouvernement, mais ne démissionne pas. Les manifestants jugent cette décision insuffisante, déclarant que des élections équitables doivent être mises en place, et les gouvernements occidentaux réclament plus de liberté et de réformes économiques, politiques et sociales visant à améliorer le bien-être de la population égyptienne. Le lendemain de l'annonce de la démission de son gouvernement, il désigne le général Ahmed Chafik, chef d'état-major de l'armée de l'air, au poste de premier ministre et nomme Omar Souleiman, chef des services de renseignements, premier vice-président d'Egypte.

Le 1er février 2011, il annonce que l'Assemblée devrait retoucher la constitution de façon à limiter le nombre de mandats présidentiels tout en affirmant qu'il irait au bout de son cinquième mandat qui expire en septembre 2011, soit près de 30 ans à la tête de l'Égypte. Projetant des réformes politiques, il affirme : « Je tiens à finir ma mission ». Et encore : « C'est sur cette terre que je vais mourir ». Mais la rue ne décolère pas. Dans son discours du 10 février 2011, il annonce qu'il conserve son poste de président de la République jusqu'à des élections libres et qu'il transfère ses pouvoirs entre les mains du vice-président Omar Souleiman.

Le 11 février 2011, Hosni Moubarak quitte la capitale égyptienne pour s'installer à Charm el-Cheikh avec sa famille.  Omar Souleiman annonce quelques heures plus tard, que Moubarak démissionne de ses fonctions de président de la République, ce qui provoque des scènes de liesse au Caire et dans toute l'Égypte.

Haut