FARAFRA, la cité des sables

 

Farafra est la plus petite et la moins peuplée des oasis du désert Libyque; elle est située à 185 km de Bahariya et à 300 km de Dakhla. La route peut être parfois recou­verte de dunes mouvantes. Contrairement aux autres oasis, Farafra n'est pas située au centre d'une dépression mais se déploie loin du plateau saharien, sur une plaine isolée, entourée de sable.

Les seuls témoignages que nous puissions conserver de l'oasis de Farafra sont des textes anciens; une inscription dans le temple d'Edfou où l'on apprend que l'oasis est le « Pays de la Vache », ce qui laisse imaginer que la région était riche en espaces lacustres, en pâturages et en prairies où paissaient les troupeaux, à moins que l'oasis n'ait été placée sous la protection de la vache Hathor. Ce pays qui était verdoyant avant la grande sécheresse du IIIe millénaire, pourrait retrouver une nouvelle fertilité car on y a découvert de nouvelles nappes phréatiques grâce à des forages récents.

Dès la VIe dynastie (2460-2220 av. J.-C.), Farafra est placée sous le contrôle d'un « intendant du Pays de la Vache ». À la XIXe dynastie (vers 1295 av. J.-C.), le pharaon Merenptah (1213-1202 av. J.-C.) envoie ses troupes lutter contre les Libyens qui avaient envahi Farafra et Bahariya. Une stèle retrouvée à Karnak, mentionne que les troupes étaient parvenues aux « montagnes de l'oasis ». Comme les autres oasis, Farafra fut une étape obligée sur les pistes de Libye, du Caire et d'Alexandrie.

C'est à Farafra ou dans ses environs qu'un détachement de l'armée du Perse Cambyse se perdit dans les sables, au vie siècle avant notre ère. Cette aventure nous est relatée par Hérodote. C'était en -525; Cambyse qui avait battu le pharaon Psammétique III (526-525 av. J.-C.) à Péluse avait imposé sa loi au pays après le suicide de ce dernier. Après avoir conquis toute la vallée du Nil, Cambyse devait conquérir les oasis du désert Libyque afin de s'assurer le contrôle du réseau de pistes reliant le Nil et la Méditerranée. Il commença par Siwa, siège de l'oracle du dieu Amon, qu'il voulut atteindre à partir de Thèbes. Il envoya un second détachement à la conquête de l'Ethiopie. Cinq mille hommes s'engagèrent dans le désert (Hérodote en cite exagérément cinquante mille); les soldats se perdirent dans les dunes lors d'une violente tempête de sable et moururent de soif entre Kharga et Siwa, dans les environs de l'oasis de Farafra. Ce drame est-il réel ? On a avancé l'hypothèse que les émissaires égyptiens avaient volontairement égaré les Perses pour éviter la destruction du temple de Siwa. Peut-être un jour retrouvera-t-on ces soldats ensevelis dans le sable profond, avec  leurs armes et leurs chariots...

Malgré quelques grandes expéditions comme celle de Gerhard Rohlfs en 1873 (qui mena la première grande exploration scientifique dans le désert Libyque entre 1869 et 1874), de Carl Bergman en 1991 et de Théodore Monod qui, en 1993, découvrit une petite grotte avec des gravures rupestres, le désert n'est pas prêt de livrer tous ses secrets.

La ville principale de l'oasis se nomme Qasr al-Farafra, peu peuplée. Son nom évoque un vieux fort romain qui servait à préserver la population des razzias bédouines. Il ne reste plus grand chose de ce fort en briques crues, encore en place il y a une cinquantaine d'années, bâtisse légèrement surélevée qui dominait les petites maisons de terre crue du bourg. Farafra vit aujourd'hui de ses dattes, de ses oliviers, de ses abricotiers et d'un peu de vigne survivante de l'Antiquité.

La visite de Farafra


On visitera le petit musée Badr, du nom de l'artiste qui sculpte la vie quotidienne d'une façon naïve et dont les œuvres sont exposées dans une villa typique.

Farafra : l'entrée du musée Badr.

Quelques vestiges de bâtiments romains en briques rouges, ainsi que des tombes creusées dans une falaise, ont été découverts par l'archéologue Ahmed Fakhry, à Aïn Bishaï.

On se rendra au fantastique Désert blanc, aux rochers calcaires dont les formes ressemblent à des animaux ou à des visages caricaturés (voir Egypte aujourd'hui/désert lybique).

Source : Le guide des civilisations égyptiennes, des pharaons à l'islam  (éditions Marcus)

Haut