Le complexe funéraire de Djoser

 

Le point central de la nécropole est le complexe funéraire de Djoser, deuxième roi de la IIIe dynastie, et date d'environ 2800 av JC.

L'architecte Imhotep

L'architecte, le premier de l'Histoire, et maître d'oeuvre en est le vizir du roi, médecin et lettré, le sage Imhotep, qui fut par la suite divinisé. Imhotep est de fait le premier constructeur d'un monument en pierre de taille. En cela, Imhotep est un grand innovateur car il efface la construction en brique crue, en méconnaissant le principe de la pyramide.

Durant toute l'histoire égyptienne, Imhotep, patron des scribes, fut réputé pour sa sagesse divine. Ses traités sont perdus et sa tombe n'a pas encore été retrouvée. A la Basse Epoque, Imhotep devint une divinité guérisseuse et fut assimilé à l'Asclépios grec (Esculape). Un peu partout en Egypte, on édifia des chapelles en son honneur.

La construction de la pyramide de Djoser

La tombe du roi Djoser a été à l'origine conçue comme une tombe en forme de banquette, c'est-à-dire un mastaba formé de lits de blocaille revêtus de calcaire fin. Ce mastaba fut agrandi à trois reprises, et sur la banquette, on se mit à construire une pyramide à quatre degrés, de plan carré. La construction fut par la suite surélevée pour devenir le mastaba à six degrés, une "pyramide à degrés" d'une soixantaine de mètres de hauteur, à base rectangulaire.

Coupe de la pyramide de Djoser montrant les évolutions de sa construction.

Jean-Philippe Lauer

Le nom de Saqqara est indissociable du nom de Jean-Philippe Lauer, architecte français du Service des Antiquités d'Egypte, qui consacra toute sa carrière (entre 1926 et l'année de sa mort en 2001, à l'âge de 99 ans - "Dieu a oublié M. Lauer", disaient en souriant les Egyptiens) au complexe de Djoser. La fouille et l'analyse des structures qui le composent qu'il effectua ont permis de reconstituer par anastylose les différents éléments de ce vaste ensemble qui marque un tournant radical dans l'architecture de l'Ancien Empire. Assisté d'archéologues égyptiens, il a su donner à l'ensemble monumental l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui.

A lire la biographie de Jean-Philippe Lauer par Claudine Le Tourneur d'Ison "Une passion égyptienne".

Maquette du complexe funéraire de Djoser ( Michel Gay).

Le complexe pyramidal est plus vaste que partout ailleurs. La pyramide est placée au centre d'un grand rectangle de 544 x 277 m, entouré d'un mur d'enceinte, imitation de forteresse, haut d'une dizaine de mètres.

Ce palais funéraire pourrait être l'image du palais du roi, à Memphis.

Le mur est semblable à une façade de palais avec 14 fausses-portes et une seul passage d'entrée situé au sud-est.

L'entrée du complexe funéraire de Djoser.

Ce passage est situé au sud du mur oriental où une frise de têtes de cobra, symboles de la royauté, court le long de la façade à redans.

Frise de têtes de cobra.

De là, on accède à la cour de la pyramide par une allée bordée de 40 colonnes fasciculées, plus larges à la base qu'au sommet, reposant sur des abaques carrées.

L'allée de colonnes fasciculées.

Ces colonnes supportaient une toiture constituée de blocs de calcaire; elles conservent des traces de peinture rouge et évoquent des faisceaux de roseaux, jadis utilisés comme support.

Toiture évoquant les roseaux.

La colonnade vue de la cour.

La pyramide à degrés de Djoser.

La pyramide à degrés est le premier grand édifice en pierres appareillées jamais construit par des hommes.

Elle est de plan rectangulaire (109 x 121 m). Chaque "degré est large de 2 mètres et sa hauteur varie de 8,40 mètres à 10,10 mètres. Toutes les pierres sont disposées horizontalement (lits inclinés à certains endroits); elles sont de dimensions restreintes comme s'il s'agissait de briques de pierres et sont d'une hauteur de 25 cm.

Sur le côté sud de la cour, un massif s'appuie au mur d'enceinte dans lequel on voit une sorte de tombeau du ka [a] qui aurait été censé abriter certains éléments essentiels de la spiritualité et de la personnalité du roi. C'est un mastaba sans sarcophage; la chambre funéraire est en granit rose, carré de 2,5 mètres de côté au fond d'un puits de 28 mètres de profondeur. On y a trouvé un fragment du pied de la momie royale (conservé à la faculté de médecine du Caire).

Tout un ensemble de constructions constituées de "chapelles" et divers aménagements remplit la cour du jubilé, entre la pyramide et le mur est (à droite). On rencontre ainsi trois cours intérieures : l'une avec des chapelles construites pour la célébration du jubilé royal (fête du heb-seb) qui avait lieu après trente ans de règne, et qui symbolisait le renouvellement "des millions de fois" dans l'au-delà, le pouvoir du roi.

La pyramide et les "chapelles" (vues de l'extérieur).

Les deux autres chapelles regroupent des bâtiments religieux constitués de la "Maison du Sud" [b] (pour la Haute-Egypte) et de la "Maison du Nord" [c] (pour la Basse-Egypte); ce sont des constructions symboliques, de fausses demeures qui étaient à l'origine couvertes et soutenues par de fines colonnes protodoriques très gracieuses.

Les bâtiments dépendant directement de la pyramide sont aménagés le long de la face nord : ils comprennent le serdab et le temple funéraire [d], dont le fonctionnement est intimement lié. Le serdab, destiné à abriter la statue de ka de Djoser, est une petite pièce fermée de toutes part; elle ne communique avec l'extérieur que par deux petits trous cylindriques pratiqués à hauteur des yeux. Par l'intermédiaire de cette statue - la plus ancienne sculpture égyptienne connue de grandeur réelle - conservée au musée égyptien du Caire et remplacée sur place par un moulage, le souverain peut éternellement profiter des offrandes déposées à son intention dans son temple funéraire.

La statue de Djoser vue à travers le trou du serdab.

 

Sur la face nord de la pyramide, au centre du temple funéraire auquel est accolé le serdab, un escalier conduit aux appartements funéraires.

L'entrée du tombeau de Djoser.

Video des travaux de restauration à l'intérieur de la pyramide par Zahi Hawass en octobre 2014

Se trouve également au Musée égyptien du Caire toutes les découvertes effectuées dans les couloirs complexes du tombeau souterrain et dans les chambres situées à 32 mètres de profondeur. Certaines chambres du tombeau sud étaient revêtues , en partie, de briques en faïence bleu-turquoise attachées virtuellement entre elles par des éléments imitant les nattes de roseaux.

Petits carreaux de revêtement mural du tombeau (Musée du Louvre).

 

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