Les scribes

Le "scribe accroupi"
trouvé à Saqqara - 4e ou 5e dynastie, 2600 - 2350 avant J.-C.
calcaire peint, yeux incrustés de cristal de roche dans du cuivre
Le scribe accroupi à la loupe (Musée du Louvre).

Peu d'enfants allaient à l'école. Pour être orfèvres ou peintres, les garçons faisaient leur apprentissage dans un atelier ou avec une équipe d'ouvriers. Les scribes appartenaient à la minorité qui savait lire et écrire et avaient ainsi un statut enviable. Les scribes recevaient leur salaire sous forme de pain, de poissons, de bière, de vêtements, le tout tiré des greniers royaux. Comme ils ne produisaient rien eux-mêmes, ils ne payaient pas d'impôts. Ils étaient aussi dispensés des travaux imposés par le roi aux paysans et aux artisans. La profession de scribe était donc recherchée. Ces fonctionnaires exerçaient un contrôle minutieux sur le bétail, sur les récoltes et sur la production des artisans. Ils pouvaient faire donner des coups de bâton à ceux qui tentaient de tricher ou qui ne pouvaient pas payer l'impôt. Ils étaient donc craints et peu aimés du peuple.

Le matériel d'écriture

Les scribes voyageaient souvent pour leur travail. Ils ne partaient jamais sans leur pot à eau, leur pinceau en papyrus, les plumes et l'encre rangés dans un plumier en bois. Ils fabriquaient eux-mêmes leur encre.

Les roseaux taillés (calames) apparurent en Égypte pendant la période grecque.

Palette en bois au nom du roi Toutankhamon
1336 - 1327 avant J.-C. (18e dynastie) (Musée du Louvre.
 

Double godet à eau en basalte
H. : 5 cm. ; L. : 9 cm.
Le scribe y trempait son calame pour délayer l'encre avant d'écrire, et pour le nettoyer après usage.

Le papyrus

Le papyrus (Cyperus papyrus) est une plante qui poussait en abondance dans les marécages de la vallée et du delta du Nil. On s'en servait pour fabriquer de nombreux objets quotidiens, tels que des cordages, des nattes, des sandales ou des voiles. Ses tiges fibreuses permirent d'apprêter un support qui allait révolutionner le monde de l'écriture, en donnant naissance à la "feuille". Le traitement consistait à découper dans la tige de minces bandes, qu'on assemblait en les faisant se chevaucher. En superposant perpendiculairement deux couches, on obtenait une surface plane et souple, qu'on séchait par pression avant de la polir. On collait, avec de la pâte d'amidon, une vingtaine de feuilles à la suite pour obtenir un rouleau de plusieurs mètres de longueur (comme le papyrus Harris, qui mesure 40 mètres de long).

Lissoir à papyrus en bois
Nouvel Empire - village de Deir el-Médineh
H. : 6,50 cm. ; L. : 2,30 cm. (Musée du Louvre).

 

Coupe-papyrus en bronze à tête de canard (Musée du Louvre).
 

Monopole d'État, le papyrus fut exporté dès le IIIe millénaire avant notre ère dans tout le bassin méditerranéen, et représenta pour l'Égypte une source de revenus fort appréciable. Autrefois abondant sur les rives du Nil égyptien, le papyrus  en a aujourd'hui disparu.

Pour écrire, le scribe dévidait le rouleau de la main gauche, et l'enroulait de la droite, au fur et à mesure que le papyrus se couvrait d'inscriptions. Étant donné les dimensions du rouleau, il travaillait le plus souvent assis en tailleur, le papyrus calé entre les genoux, reposant sur son pagne. Pour tracer ses signes, il utilisait une baguette de roseau, d'une vingtaine de centimètres, dont l'extrémité était martelée ou taillée, selon l'usage souhaité. L'encre noire, très dense et très résistante, était composée d'un mélange de poudre de suie et d'eau, additionnée d'un fixateur comme la gomme arabique. Titres, en-têtes et débuts de chapitres étaient écrits à l'encre rouge, à base de poudre de cinabre, un sulfure de mercure, ou de minium, un oxyde de plomb.

 

Le scribe accroupi
Ve dynastie - calcaire peint
(Musée égyptien du Caire).

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