Hatshepsout adoratrice du soleil

 

 

Quand Hatshepsout fit construire son temple jubilaire, qu’on appelle improprement funéraire, elle chercha à exprimer ses conceptions sur le devenir de l’humain. Elle conçut un extraordinaire chef-d’œuvre, notamment cette sorte d’escalier qui monte à l’assaut de la falaise de la nécropole thébaine. C’est un Versailles religieux, un monument unique dans l’histoire égyptienne.

On y trouve des piliers osiriaques, parce qu’il s’agit du jubilé de la reine, de son éternel renouvellement : la veille du jour de l’An, elle est Osiris, le lendemain, elle redevient le soleil.

C’est là qu’elle exploite une idée géniale qui n’a pas dû plaire aux prêtres d’Osiris. Dans les mains de ses statues osiriaques « jubilaires », elle tient naturellement ce qu’on a appelé un fouet et un crochet, emblèmes qui ont fait couler beaucoup d’encre… Je pense que le flagellum évoque le genre féminin, jumelé avec le nord, et que le crochet héqa représente le sud, mais l’énigme est encore sans solution.

Osiris se réveille donc au matin comme le soleil. Pharaon est alors irradié par l’énergie de l’astre. C’est pourquoi Hatshepsout ajoute dans les mains de ses colosses osiriaques les deux symboles du soleil, le signe de ânkh et le signe ouas, deux éléments qui se retrouvent dans tous les emblèmes religieux qui expriment le soleil en action.

Plus tard, quand Aménophis IV a voulu commenter le rôle de l’astre, il l’a fait figurer projetant ses rayons. C’était une innovation. Or ces rayons se terminent par de petites mains ; au début de son règne, ces mains tiennent alternativement le signe de vie ânkh et le signe ouas, le souffle solaire. Ainsi, sur les piliers osiriaques du temple jubilaire de la reine Hatshepsout, nous détectons toute la réforme amarnienne en gestation. Osiris est à la fois la forme solaire et le repos nocturne en une seule image.

Ramsès II dut hériter de ces deux réformateurs, mais comme il possédait un esprit politique, il prit soin de ménager les prêtres d’Amon, au point de renier ouvertement l’héritage excessif du roi d’Amarna. Lorsqu’il établit la liste de ses ancêtres, il supprima celui dont la pensée religieuse pouvait déplaire au clergé de Karnak : Aménophis IV.

 Christiane Desroches Noblecourt - Sous le regard des dieux

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